Var-Matin (Grand Toulon)

Fernand Rambert, un bénévole qui vaut de l’or

Habitant le quartier de Valbourdin, le sexagénair­e a reçu samedi la médaille d’honneur or de la fédération française du bénévolat associatif. Venant couronner trente ans d’engagement

- SIMON FONTVIEILL­E sfontvieil­le@nicematin.fr

Un jour, on a dû annuler la journée paella, mais tout était commandé. J’en ai mangé pendant  jours…

Ce 14 avril est un peu spécial. En ce samedi langoureux, la salle StAntoine-de-Padoue, dans le quartier de Valbourdin, voit un Fernand Rambert tout pimpant. Veste de costume grise et lunettes à fine monture, Fernand, sorte de Castor Junior du XXIe siècle, reçoit la médaille d’honneur de la fédération française du bénévolat associatif. Et, s’il vous plaît, dans la catégorie or ! Celle qui récompense les guerriers du don de soi, ayant au moins trente ans d’engagement bénévole, dans la classe administra­teur d’associatio­ns. Car on a vu la binette du Fernand un peu partout dans les assos de bord de rade. En 1992, il fonde, avec un collègue, l’Associatio­n dans l’intérêt de l’enfant, et se fait fort d’embarquer, sept années durant, des gamins des quartiers difficiles vers Porqueroll­es. On le retrouve ensuite au comité des fêtes de la Ville, à la Maison des jeunes Barbès-Valbourdin ou encore à l’Aide aux mères et aux familles du Var. Aujourd’hui, ses soixantehu­it printemps ne l’empêchent pas de cumuler les postes de présidents de comité d’intérêt local de Valbourdin, de la fédération des CIL de l’ouest et de l’associatio­n Toulon Amitié Provence, avec qui il donne « des coups de pouces à droite, à gauche ». C’est que le bénévolat est à Fernand Rambert ce que la cuisine du Sud-ouest est à Maïté : une longue histoire d’amour. Enfant, il filait déjà un coup de main au curé et à son patronage. À la fin des années 1960, il s’était lancé dans l’organisati­on de jeux pour les centres aérés. Puis, carrière aux impôts et famille à construire obligent, il met en sourdine son goût de l’associatif… C’est un ballon, envoyé dans la salade niçoise qu’il déguste avec un ami sur une terrasse de la place de la Visitation, qui ravive la flamme de sa passion. « Le lendemain, on voit un panneau interdisan­t les jeux de balle sur la place. Avec le collègue, on s’est alors dit “si les gosses ne peuvent pas jouer, il faut faire quelque chose !”. » Le lendemain naissait l’Associatio­n dans l’intérêt de l’enfant. Quand il est demandé à l’increvable bénévole la source de sa suractivit­é, l’explicatio­n tombe presque de façon bonhomme. « J’aime bien servir et aider gracieusem­ent. L’amitié, la conviviali­té, ça compte ! Parfois, une petite tape sur l’épaule ou un bisou peut vous faire repartir… », sourit le néomédaill­é. Pourtant, la vie du responsabl­e associatif est loin d’avoir ressemblé à un tube feel good à la Carlos. Ses trois pires souvenirs ? Fernand n’hésite pas longtemps quand il lui faut répondre. Et pour la première place du podium de l’horreur, c’est un calamar ibérique qui remonte à la surface de sa mémoire. « Avant, avec l’associatio­n Toulon Amitiés Provence, on organisait une paella annuelle. Sauf qu’une année, le jour J, nous avons dû tout annuler, faute de participan­ts… Tout était commandé pour cinquante personnes… On en a donné aux Restos du coeur, on en a congelé. J’en ai mangé pendant deux semaines ! Depuis cet épisode, on a arrêté la paella.» Hasta la vista, baby !

« Indispensa­ble ! »

Entre les faux plans, les responsabi­lités et les «deux à trois heures de travail » quotidienn­es, cela vaut-il vraiment le coup de se lancer dans le bénévolat ? Après tout, on peut aussi rester tranquille à se mater des séries à la télé… « Le bénévolat, ce n’est pas utile, c’est indispensa­ble ! rétorque Fernand-au-poitraild’or. Aujourd’hui, les gens ont tendance à se recroquevi­ller sur leur cocon et notre société à se réduire à la consommati­on. C’est tout ce lien qui manque. Mais j’ai bon espoir : dans ma rue, je vois des gens qui s’impliquent de plus en plus ! » Parole de Castor.

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(Photo Patrick Blanchard) Fernand l’assure : « Cette médaille, elle est aussi pour tous ceux qui m’ont accompagné ! »

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