Procès pour meurtre en appel: vingt-cinq ans de prison requis
La cour d’assises du Var s’est retirée en début de soirée pour un long délibéré. Aux certitudes de l’avocat général, la défense a opposé avec force les siennes, de l’innocence des deux accusés
Le délibéré de la cour d’assises du Var, statuant en appel du parquet général sur le meurtre de Carine Desiles dans la nuit du 7 au 8 juin 2011 dans son appartement du centre de Marseille, s’est prolongé la nuit dernière au palais de justice de Draguignan. Le matin, l’avocat général Christophe Raffin avait requis vingt-cinq ans de réclusion contre Sébastien Ribière, qui a toujours nié ce crime, et qui avait été acquitté en avril 2016 par les jurés des Bouches-duRhône.
La cocaïne pour mobile
Pour M. Raffin, la fracture d’une des cornes du larynx de la victime établissait le caractère criminel de sa mort, renforcé par « la disparition de son téléphone portable et de la clef de son appartement ». Quant à l’implication des deux accusés, elle résultait du fait qu’ils étaient hébergés chez Carine Desiles. Tout autant que de la disparition des 500 g de cocaïne que Ribière disait lui avoir confiés, ce qui constituait un mobile. De plus, les écoutes montraient qu’ils avaient rendez-vous avec elle le soir des faits. En vertu de quoi il a requis une peine de réclusion criminelle contre Sébastien Ribière, et deux ans de prison contre Alexandrine Brugerolle de Fraissinette pour recel de cadavre.
Enquête imparfaite
La défense de Me Jean Boudot a été brillante. Il a demandé aux jurés d’avoir en permanence un regard critique sur l’ensemble des éléments du procès. À commencer par les causes de la mort. «Scientifiquement, vous ne savez pas de quoi Carine Desiles est morte. Quand vous allez discuter des certitudes, vous allez être capables de dire qu’elle a été étranglée avec le flexible de douche ? » L’ADN de Sébastien Ribière sur les lieux ? «Dans un appartement où l’on réside, c’est une non-information. » Pour lui, l’enquête avait négligé plusieurs pistes liées au mode de vie de la victime, et à son trafic de cocaïne. « Il y avait des éléments pour comprendre pourquoi elle avait des inimitiés de tous côtés. »
Le combat acharné de la défense
« Des familiers de Carine Desiles, il y en avait d’autres », a renchéri Me Jean-François Canis. Il a passé en revue tous les éléments apportés par la défense, qui s’est obstinée à obtenir des indices matériels dans les écoutes téléphoniques, les messages, et sur la géolocalisation des portables dans la nuit des faits. «Ils ont confirmé l’alibi qu’avaient donné les accusés, qu’ils étaient chez des copains dans un autre quartier. » Dernier élément découvert à ce procès par la défense, plusieurs messages envoyés par le couple à la victime entre le 8 juin et la découverte du corps une semaine plus tard, pour s’inquiéter de son absence. « S’il s’inquiète, c’est qu’il ne l’a pas tuée. Répondez non à la question sur la culpabilité de meurtre. Pas au bénéfice du doute. Je n’en ai pas, il est innocent. »