Ça vient de paraître
Vercingétorix
De Vercingétorix, on connaît surtout le nom, sa lutte héroïque contre Rome, sa défaite à Alésia et le récit biaisé qu’en a donné Jules César. Mais d’autres écrits et les trésors exhumés par l’archéologie invitent à le redécouvrir et, au regard de son destin hors du commun, à explorer des pans enfouis de l’histoire de l’ancienne Gaule. Au fil des chapitres, l’archéologue historien Jean-Louis Brunaux révèle ce que les manuels scolaires n’enseignent pas.
Est-il exact que Vercingétorix fut longtemps un héros oublié ?
En effet, il n’a été reconnu qu’au début du XIXe siècle. Pour les historiens, c’est une affaire récente. C’est aussi au moment de la reconnaissance de Vercingétorix qu’il a été confirmé que la France faisait partie de la Gaule et que l’on a retrouvé de nombreux vestiges qui nous ont appris comment vivaient les Gaulois. On a compris aussi que tous les peuples de la Gaule – ils étaient une soixantaine – n’étaient pas d’accord avec Vercingétorix, qui voulait l’indépendance de la Gaule. Certains grands peuples de l’Est qui commerçaient avec les Romains depuis longtemps ont lutté contre le jeune chef et ce clivage l’a conduit à sa perte.
Comment sans référence visuelle, peut-on précisément décrire Vercingétorix ?
On a retrouvé de nombreux textes antiques, qui en donnent une bonne description et notamment des notes de Jules César qui fut très prolifique en la matière. Il le décrit comme un très beau jeune prince, de bonne famille, grand, blond, les cheveux longs et séduisant. On sait aussi qu’il y avait des relations d’amitiés ou « plus » entre lui et César, avant qu’il ne devienne son otage pour six ans. On a aussi retrouvé quelques documents iconographiques, notamment des monnaies qui le représente comme tel.
Et pas de textes gaulois ?
Non, les Gaulois n’écrivaient pas. C’était un interdit de la religion. Seuls les prêtres – les druides – pouvaient relater des faits. Mais, ce n’était pas propre au Gaulois, les élèves de Pythagore n’écrivaient pas non plus, c’était une volonté que le peuple n’écrive pas. Heureusement que les Romains nous ont laissé de nombreux écrits avec force détails, sinon nous n’aurions aucune idée de la civilisation gauloise.
Qu’évoquez-vous encore dans ce livre?
Je tente de reconstituer le déroulement des grandes batailles de Vercingétorix, comme Gergovie où le jeune prince a tenu la dragée haute à César ou sa défaite à Alésia, justement à cause de la coalition de l’Est. J’y décris donc comment le chef Gaulois s’est rendu et, le martyr que lui a fait subir son « ami » César à partir de cette défaite. On a deux témoignages de cette rémission, celle de Jules César qui se pose en vainqueur magnanime puis celui d’un auteur grec, Dion Cassius qui donne une version un peu différente où César n’a pas un si beau rôle.