VANESSA PARADIS
Icône gay… mais triste !
Avec Un couteau dans le coeur, la chanteuse, révélée au cinéma dans Noces blanches, tente un vrai come-back au cinéma dans un film de genre qui se veut subversif, dans un rôle d’une productrice porno-homo malheureuse en amour.
E n salle de presse hier, il y avait beaucoup moins de monde que pour un concert. Comme si les festivaliers déçus avaient préféré opter pour un désistement poli. Le retour de Vanessa Paradis dans un « thriller érotico-romantique » s’annonçait pourtant excitant. Et c’est vrai que La Fille sur
le pont, jadis magnifique en noir et blanc pour Patrice Leconte, porte également très bien les bottes de cuir rouge et la perruque blonde platine. « Ces bottes rouges sont arrivées tout de suite, confirme la jeune femme aux dents du bonheur. Le film se situe dans en 1979, on pouvait s’amuser avec les vêtements, et on a essayé beaucoup de choses. Et puis il y a eu la perruque platine, on a regardé Blondie, et on a cherché la nôtre…» Mais malgré tout l’amour cinéphile que le réalisateur antibois Yann Gonzalez porte à son icône (gay), au-delà de l’esthétique, le résultat n’est pas forcément heureux. À l’image de son personnage d’Anne, productrice de films pornos-homos, au coeur brisé par la rupture avec sa monteuse, tandis qu’un mystérieux tueur en série poinçonne allègrement les acteurs de ses longs-métrages. «J’ai découvert un documentaire sur une productrice qui a réellement existé, alcoolique, parfois violente avec ses acteurs, un personnage assez fort pour inspirer un scénario, explique Yann Gonzalez, qui ne tarit pas d’éloge sur son interprète vedette. À la fin de l’écriture, le visage de l’actrice m’est soudain apparu comme une évidence. La présence deVanessa, c’est ce qu’on appelle la cinégie. Il y a quelque chose dans
son regard qui traverse l’écran et vous foudroie ! » Bigre! Pour Vanessa, difficile de résister à un tel point de vue. Surtout s’il est rare et singulier. «Venir à Cannes me remplit de joie. Il y a deux ans, j’étais dans le jury, et ça m’avait tellement donné envie de monter les marches, pour défendre ce film dont je suis si fière, revendiquet-elle. Quand j’ai lu le script, j’ai fait waouh, et j’ai accepté tout de suite. C’est un rôle de rêve, un sublime cadeau… Ça faisait un moment qu’on ne pensait pas beaucoup à moi au cinéma… » Il faut dire aussi que la filmographie Paradis n’est pas toujours une divinidylle avec public et critiques. Des regrets d’avoir refusé Amélie Poulain ou Proposition indécente ? «Non… Peut-être une petite semaine, mais ce qui n’est pas à vous n’est pas à vous. Pendant ce temps, j’ai fait des choses intéressantes. » Avec ce vrai-faux (?) pastiche du genre giallo italien (érotico-horrifique), une occasion de renouer davantage avec la lumière des salles obscures. De délaisser un peu les partitions musicales pour les rôles de composition, tel un objet du désir cinéaste. «La musique, j’en fais quand je veux. Le cinéma, c’est uniquement quand on m’appelle, ça ne dépend pas de moi, nuance-t-elle. Mais aujourd’hui, je me sens plus libre pour m’abandonner dans les bras de mon metteur en scène. » Une déclaration d’amour contrariée, qui résonne comme un appel du pied, même gainé dans une botte rouge. Pour Vanessa, reste à savoir si ce Coup de couteau aura porté dans le coeur d’autres réalisateurs…
« LA MUSIQUE, J’EN FAIS QUAND JE VEUX. LE CINÉMA, ÇA NE DÉPEND PAS DE MOI. »