Var-Matin (Grand Toulon)

VANESSA PARADIS

Icône gay… mais triste !

- par ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr

Avec Un couteau dans le coeur, la chanteuse, révélée au cinéma dans Noces blanches, tente un vrai come-back au cinéma dans un film de genre qui se veut subversif, dans un rôle d’une productric­e porno-homo malheureus­e en amour.

E n salle de presse hier, il y avait beaucoup moins de monde que pour un concert. Comme si les festivalie­rs déçus avaient préféré opter pour un désistemen­t poli. Le retour de Vanessa Paradis dans un « thriller érotico-romantique » s’annonçait pourtant excitant. Et c’est vrai que La Fille sur

le pont, jadis magnifique en noir et blanc pour Patrice Leconte, porte également très bien les bottes de cuir rouge et la perruque blonde platine. « Ces bottes rouges sont arrivées tout de suite, confirme la jeune femme aux dents du bonheur. Le film se situe dans en 1979, on pouvait s’amuser avec les vêtements, et on a essayé beaucoup de choses. Et puis il y a eu la perruque platine, on a regardé Blondie, et on a cherché la nôtre…» Mais malgré tout l’amour cinéphile que le réalisateu­r antibois Yann Gonzalez porte à son icône (gay), au-delà de l’esthétique, le résultat n’est pas forcément heureux. À l’image de son personnage d’Anne, productric­e de films pornos-homos, au coeur brisé par la rupture avec sa monteuse, tandis qu’un mystérieux tueur en série poinçonne allègremen­t les acteurs de ses longs-métrages. «J’ai découvert un documentai­re sur une productric­e qui a réellement existé, alcoolique, parfois violente avec ses acteurs, un personnage assez fort pour inspirer un scénario, explique Yann Gonzalez, qui ne tarit pas d’éloge sur son interprète vedette. À la fin de l’écriture, le visage de l’actrice m’est soudain apparu comme une évidence. La présence deVanessa, c’est ce qu’on appelle la cinégie. Il y a quelque chose dans

son regard qui traverse l’écran et vous foudroie ! » Bigre! Pour Vanessa, difficile de résister à un tel point de vue. Surtout s’il est rare et singulier. «Venir à Cannes me remplit de joie. Il y a deux ans, j’étais dans le jury, et ça m’avait tellement donné envie de monter les marches, pour défendre ce film dont je suis si fière, revendique­t-elle. Quand j’ai lu le script, j’ai fait waouh, et j’ai accepté tout de suite. C’est un rôle de rêve, un sublime cadeau… Ça faisait un moment qu’on ne pensait pas beaucoup à moi au cinéma… » Il faut dire aussi que la filmograph­ie Paradis n’est pas toujours une divinidyll­e avec public et critiques. Des regrets d’avoir refusé Amélie Poulain ou Propositio­n indécente ? «Non… Peut-être une petite semaine, mais ce qui n’est pas à vous n’est pas à vous. Pendant ce temps, j’ai fait des choses intéressan­tes. » Avec ce vrai-faux (?) pastiche du genre giallo italien (érotico-horrifique), une occasion de renouer davantage avec la lumière des salles obscures. De délaisser un peu les partitions musicales pour les rôles de compositio­n, tel un objet du désir cinéaste. «La musique, j’en fais quand je veux. Le cinéma, c’est uniquement quand on m’appelle, ça ne dépend pas de moi, nuance-t-elle. Mais aujourd’hui, je me sens plus libre pour m’abandonner dans les bras de mon metteur en scène. » Une déclaratio­n d’amour contrariée, qui résonne comme un appel du pied, même gainé dans une botte rouge. Pour Vanessa, reste à savoir si ce Coup de couteau aura porté dans le coeur d’autres réalisateu­rs…

« LA MUSIQUE, J’EN FAIS QUAND JE VEUX. LE CINÉMA, ÇA NE DÉPEND PAS DE MOI. »

 ??  ?? Déjà vue récemment dans Chien, le film de son compagnon Samuel Benchetrit, Vanessa Paradis sera également une « statue pour touristes » dans la comédie Big bang, avec Camille Cottin et Jean-Pierre Bacri. Icône, décidément…
Déjà vue récemment dans Chien, le film de son compagnon Samuel Benchetrit, Vanessa Paradis sera également une « statue pour touristes » dans la comédie Big bang, avec Camille Cottin et Jean-Pierre Bacri. Icône, décidément…

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