CGT et Insoumis, alliés mais rivaux
« L’ambition de Jean-Luc Mélenchon est autrement plus grande que celle de Philippe Martinez. »
Mélenchon-Martinez, même combat ? La CGT et La France insoumise, même volonté ? Depuis la charte d’Amiens, il y a plus d’un siècle, en , la séparation entre syndicalisme et politique était bien établie, les groupements syndicaux n’ayant pas – c’est écrit en toutes lettres et cela n’a pas été changé par la suite –, à se préoccuper des partis « pour poursuivre leur objectif de transformation sociale ». Ce dogme serait-il à jeter aux orties ? Une chose est sure : l’union de samedi prochain est une première dans l’histoire du syndicalisme français. En décidant, comme la CGT et La France insoumise l’ont fait cette semaine, de défiler
ensemble, main dans la main, le mai prochain, contre la politique d’Emmanuel Macron, les deux leaders franchissent un pas. C’est qu’ils ont chacun leur petite idée derrière la tête. Pour le patron de la CGT, il s’agit de gonfler ses troupes, et surtout de démontrer qu’il est capable de réussir ce à quoi il a échoué depuis le début du conflit des cheminots : mobiliser largement les Français. Jean-Luc Mélenchon, lui, cherche à réaliser, a-t-il dit, « une unité populaire qui décloisonne le syndicalisme, la politique et le monde associatif ». On le voit : l’ambition de Jean-Luc Mélenchon est autrement plus grande que celle de Philippe Martinez. C’est une recomposition de la gauche qu’il recherche, autour de lui naturellement, au moment où la présence du PS n’est pas souhaitée, c’est le moins que l’on puisse dire, dans les manifestations
cégétistes. Le président de La France insoumise ne le cache pas : ce qu’il vise, c’est la constitution, autour de lui, d’un vrai « Front populaire ». Pour les deux numéros de la CGT et de La France insoumise, le danger existe pourtant de se « cannibaliser » l’un l’autre. S’il laisse Jean-Luc Mélenchon récupérer le mai, Martinez aura du mal à entraîner derrière lui, comme il s’y essaie depuis plusieurs semaines, les syndicats réformistes, comme la CFDT, pour qui la séparation du politique et du syndicalisme est un dogme. Si Jean-Luc Mélenchon se laisse, au contraire, dominer par les troupes de Philippe Martinez, il risque bien d’apparaître, lui et sa France insoumise, comme des supplétifs de la CGT. C’est en tout cas à cette aune que la manifestation du mai sera jugée.