Ciotti repart à la charge sur le voile à l’université
Le député LR des Alpes-Maritimes a déposé une proposition de loi visant à étendre le principe de laïcité aux établissements publics d’enseignement supérieur. La même qu’en février 2015...
Eric Ciotti a déposé, hier, une proposition de loi « visant à étendre le principe de laïcité aux établissements publics d’enseignement supérieur». Visé ? Le voile sur les bancs de l’université. Le député azuréen rebondit sur l’affaire de l’Unef. Il a été « choqué » par le voile porté par Maryam Pougetoux, responsable du syndicat étudiant à l’université Paris 4. Une « provocation », a-t-il estimé. La jeune femme portait un hijab, le voile qui encadre le visage...
Trastour, Brochand Pauget
Sa proposition de loi a été signée, pour l’instant, par une vingtaine de députés dont le Cannois Bernard Brochand (LR), l’Antibois Eric Pauget (LR), et la Cagnoise Laurence Trastour (LR). Une image, un symbole et voilà un (vieux) débat relancé... Eric Ciotti, à quelques mots près, ressort, son texte déjà proposé à l’Assemblée en février 2015. Un texte qui n’avait pas fait l’unanimité ni au sein de la communauté universitaire ni chez les élus, droite incluse. Dans sa proposition de loi, le député LR propose donc d’étendre à l’université le champ d’application de la loi du 15 mars 2004 interdisant « le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse » dans les écoles, collèges et lycées publics. Il évoque : « Le malaise qu’un nombre croissant d’enseignants éprouve devant des étudiants arborant ostensiblement des signes d’appartenance religieuse ». Malaise pointé par le Haut Conseil à l’intégration en 2013.
Sept Français sur dix opposés
Et de rappeler aussi le témoignage d’un enseignant, démis de ses fonctions pour avoir refusé de faire cours devant une étudiante voilée. C’était en 2015, à Paris 13Villetaneuse. A la faculté des lettres de Nice, le voile n’est pas franchement un sujet de discussion et encore moins de tension. Pourtant, plus de sept Français sur dix s’opposent au port du voile à l’université, selon un sondage Ifop-Fiducial pour CNews et Sud Radio. Franck a deux filles voilées régulièrement en amphi avec lui. « Ça ne me pose aucun problème. Elles ne parlent pas religion, sauf si on leur pose une question. L’université est un lieu de savoir et de liberté. » Meye Mando, d’origine syrienne, née à Cannes, porte le voile depuis ses 16 ans. Elle vient de terminer ses études à la faculté des lettres où elle a suivi un cursus en langues. Elle assure n’avoir jamais eu le moindre problème. «Àpart quelques toutes petites remarques de la part de la communauté éducative...vraiment à la marge», raconte la jeune femme. «Jeneme suis jamais sentie dans le collimateur à l’université parce que je porte le voile». Pour elle, « c’est un monde ouvert, avec des gens adultes. Un monde de diversité. Un monde où toutes les origines se côtoient ». Elle conçoit cependant l’interdiction au collège et au lycée.
Ce serait « une erreur »
« Je n’ai jamais fait de prosélytisme, je n’ai jamais porté aucune revendication sur les bancs de la fac », dit-elle encore. Pour elle, interdire le voile à la fac serait une « erreur ». « Ce serait un frein à l’émancipation de la femme.» Et si le voile avait été interdit, Meye ne l’aurait pas enlevé pour aller étudier. « J’aurais quitté la France», dit-elle. Un choix qu’elle aurait fait à contre coeur.