Var-Matin (Grand Toulon)

Sonia, seule face au cauchemar du logement inadapté au handicap

- L. A.

C’est une partie compliquée qui s’annonce pour Sonia Khelil, une personne à mobilité réduite confrontée au problème d’un logement inadapté à sa situation. Actuelleme­nt, Sonia est domiciliée dans la résidence Le Florès, à La Garde. Il y a plusieurs mois, cette jeune femme de vingt-neuf ans, souffrant d’un handicap moteur et se déplaçant en fauteuil, a engagé un match afin d’obtenir la location d’un appartemen­t bénéfician­t des installati­ons nécessaire­s à son bien-être quotidien. Car sa vie tourne au cauchemar. « Je prends des anxiolytiq­ues depuis plusieurs semaines pour éviter de pleurer chaque matin et le soir avant de dormir, confie-t-elle. Je suis usée de la situation, mais je continue de me battre pour la faire évoluer. »

« Partir d’ici »

Et si Sonia n’est pas là pour « s’apitoyer sur son sort », son seul souhait est de «partir d’ici» car elle ne se sent plus «en sécurité». L’obtention d’un T2 conforme aux normes, destiné à une personne atteinte d’une infirmité motrice cérébrale, prend pourtant ces jours-ci des allures de revers. « J’ai emménagé dans cette résidence en avril 2017, mais j’espérais que ce ne soit que provisoire, poursuit la locataire. Malheureus­ement, je dois tout le temps être vigilante pour des tâches quotidienn­es aussi basiques que me laver ou faire ma vaisselle. Pour me doucher, je suis, par exemple, obligée de le faire sur une chaise de jardin en plastique. C’est à la fois peu confortabl­e, mais surtout risqué pour moi en cas de chute. » Les problèmes d’ordre ménagers sont également récurrents pour la Gardéenne, avec l’obligation d’adopter une posture inadéquate et douloureus­e pour simplement nettoyer assiettes et couverts.

La loi de l’offre et de la demande

L’écueil d’un logement non conçu pour une personne handicapée n’est pourtant pas isolé. « Ma meilleure amie atteinte d’hémiplégie a dû attendre près de six années pour obtenir un appartemen­t doté des aménagemen­ts propres à ses besoins. » Le souci demeurant avant tout le nombre d’offres et la quantité de demandes. La balle est donc dans le camp de la Sagem(1), bailleur social en charge de la résidenceL­e Florès. L’entité constate d’ailleurs, elle aussi, le manque logistique pour ces appartemen­ts spécifique­s. « Nous recevons de très nombreuses requêtes pour des cas comme celui-ci et nous faisons notre maximum pour les résoudre explique Charles Igniatoff, directeur général de la Sagem. Je suis au courant des sollicitat­ions de Mme Khelil. J’ai pris connaissan­ce de l’urgence de la situation suite à son courrier le 28 mars dernier et je suis disposé à la recevoir pour tenter de trouver prochainem­ent une solution.» Une première propositio­n de relogement a d’ailleurs été formulée à la jeune femme… pour « déménager un étage plus haut » que le quatrième, aujourd’hui occupé. « Cela ne changera rien, autant demeurer dans mon 32 m² pour valide, déplore-t-elle. Changer pour un autre lui aussi inadapté ne servira à rien. » Pas abattue pour autant, la future trentenair­e s’épanouit au contact de sa chienne Cannelle et de son compagnon originaire de Marseille, qui la retrouve le plus souvent possible. Trente ans qui, en 2019, sonneront malgré tout comme la date limite à laquelle Sonia pourra disposer de ce logement, réservé aux étudiants. 1. Société anonyme gardéenne d’économie mixte.

 ?? (Photo L. A.) ?? Sonia Khelil est dans l’angoisse d’une chute, à chaque fois qu’elle doit prendre sa douche. Et il lui est également bien difficile de faire sa vaisselle « normalemen­t ».
(Photo L. A.) Sonia Khelil est dans l’angoisse d’une chute, à chaque fois qu’elle doit prendre sa douche. Et il lui est également bien difficile de faire sa vaisselle « normalemen­t ».

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