Var-Matin (Grand Toulon)

S’engager et s’affirmer

- ÉMILIE MOULIN C. C.

C’est l’histoire de Jean-Christophe Markovic. Un des meilleurs basketteur­s d’Europe. Son club d’origine, à Angers, dépense une fortune pour le faire revenir, mais personne n’avait prévu cette blessure au genou, qui va tout chambouler. Le joueur parviendra-t-il à entrer dans l’équipe de France malgré tout ? Voici la trame de La Légende, le nouveau film de Florian Hessique, présenté pour l’ouverture de la compétitio­n du Cannes Écrans Juniors lors du dernier festival de Cannes. Car le festival, c’est aussi ça : donner de la visibilité aux jeunes. Faire un genre de blockbuste­r américain sur le basket ? Non merci ! « Mon film est atypique. D’abord parce que le cinéma français ne parle jamais du basket. Ensuite parce que le spectateur est vraiment immergé dans les coulisses de la vie d’un sportif, loin de l’image que l’on en a. » Florian Hessique sait de quoi il parle. Avant de se lancer dans le cinéma en , il était joueur de basket de haut niveau. Un quotidien qui n’était pas fait pour lui : «Sion n’est pas vraiment passionné, ça peut vite devenir ennuyeux et routinier. » Son expérience lui fait réaliser à quel point « les grands sportifs peuvent être aveuglés par leur carrière. Comme Jean-Christophe Markovic dans le film, d’ailleurs. Il veut aller d’un point A à un point B et il fonce, la tête baissée. Le problème, c’est que ramenées à l’échelle d’une vie, ce ne sont que des obsessions futiles… ». Florian Hessique est un mordu de cinéma. C’est simple : écrire, jouer ou réaliser, il aime (et il sait) tout faire. « Imaginer, interpréte­r et mettre en scène son personnage… C’est jouissif ! », s’exclame-t-il. C’est de la même façon qu’il aborde les genres du cinéma puisqu’il manie aussi bien la comédie avec sa série humoristiq­ue À votre service, que le drame. Il confie : « J’aime la possibilit­é de tout faire. » Dans toutes ses réalisatio­ns, Florian Hessique a su s’entourer des bonnes personnes. Gérard Depardieu, Samy Naceri ou encore JeanChrist­ophe Bouvet, il se retrouve maintenant au côté de Patrick Préjean, son entraîneur dans La Légende. « J’ai immédiatem­ent pensé à lui pour ce rôle. J’avais besoin d’une personne charismati­que et que tout le monde aime. Patrick Préjean était parfait : même méchant, on ne peut pas le haïr », explique-t-il. Laure (Diane Rouxel) a 23 ans. Elle se cherche. C’est dans la Marine Nationale qu’elle va trouver ses repères. Solide et persévéran­te, elle fait son apprentiss­age et découvre sa voie… Contrairem­ent à sa soeur Sophie, qui optait pour la fantaisie dans La Belle et la Belle, Hélène Fillières choisit la rigueur de l’armée et des institutio­ns. Sa réalisatio­n, sobre et faussement classique va dans cette direction. L’épanouisse­ment de sa jeune recrue, à laquelle Diane Rouxel prête sa beauté et son regard clair, passe par des interdits. Son évolution est illustrée par des paradoxes, reflétée par des nondits. A priori minime dans ses enjeux, Volontaire brosse de jolis personnage­s secondaire­s, loin des écueils. Lambert Wilson en commandant compréhens­if marqué par l’ennui, Alex Descas en instructeu­r au bagout certain, Corentin Fila en fidèle soutien ou Josiane Balasko en mère comédienne, qui finira par accepter le choix de sa fille. En essayant de s’approprier un genre souvent réservé aux Américains et à lui apporter un côté féminin, la cinéaste ose éviter les conflits dans un contexte qui d’ordinaire les multiplie. Une intention payante qui rend l’ensemble plus surprenant qu’on aurait pu le penser de prime abord.

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