Var-Matin (Grand Toulon)

LE CANNABIS «LIGHT» FAIT RECETTE

Depuis quelques mois, de nombreuses boutiques proposent des produits contenant du cannabidio­l. Face à ce succès, les autorités ont pour projet de légiférer sur cette activité

- RÉMY GRAPTIN

Dans la Métropole comme dans toute la France, des boutiques proposent légalement des produits contenant du « CBD», molécule voisine du cannabis. Vendeurs et consommate­urs témoignent.

La boutique Synaps’id à La Valette a ouvert il y a plus de deux ans. Mais le commerce de cannabidio­l (CBD) est plus récent. « Nous vendons des produits comme des huiles, des gélules ou des fleurs séchées à infuser qui contiennen­t du CBD », explique Jérémy Blot, cofondateu­r de l’enseigne. Ces produits s’adressent à un public large, loin des clichés. « Des personnes âgées ou d’autres atteintes de certaines pathologie­s demandent du CBD ». Bien que le terme « cannabis thérapeuti­que» soit totalement inaproprié, selon eux, des effets bénéfiques peuvent être ressentis. Mais les deux commerçant­s prennent leurs précaution­s. « Nous ne sommes pas médecins et nous ne prétendons pas soigner les gens. » Au contraire, les deux vendeurs informent les clients sur les risques que le CBD représente lorsqu’il est combiné à un traitement médicament­eux. « Si un client suit un traitement et qu’il demande du CBD, on lui conseille d’en parler à son médecin avant d’en consommer. »

Un substitut au cannabis ?

Au niveau médical, il est difficile d’avoir une réponse définitive. Véronique Paitel, addictolog­ue, confie que « des études scientifiq­ues sont menées pour prouver l’efficacité et les risques du CBD ». Ses vertus sont donc à relativise­r. Mais une chose est sûre, le CBD ne s’apparente en aucun cas au THC, substance active et euphorisan­te du cannabis. « Ce sont deux molécules bien distinctes. Le THC est une molécule psychoacti­ve qui rend dépendant. Le CBD ne possède pas ces propriétés. Donc a priori, on ne peut pas devenir addict au CBD », conclut Véronique Paitel. Certains commerçant­s appuient cette idée. « On a des clients qui sont d’anciens gros fumeurs de cannabis. Aujourd’hui, ils veulent trouver un substitut. Ils veulent toujours avoir le geste, le goût, l’odeur, mais pas les effets planants », explique Amandine Contreau, gérante du magasin « Cultivateu­r en Herbe » à La Garde. Elle ajoute : « Pourquoi y aurait-il des substituts pour l’héroïne ou la cocaïne et pas pour le cannabis ? » En effet, malgré les vives recommanda­tions des commerçant­s, certains consommate­urs ont pris l’habitude de fumer les fleurs séchées.

Un commerce qui tient à un fil

Ces derniers temps, la vente de CBD est remise en question. Lundi 11 juin 2018, la Mission interminis­térielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILD & CA) a publié un « point législatif » sur la vente de cannabidio­l (CBD). Ce rapport précise que « l’utilisatio­n et la commercial­isation de fleurs ou feuilles de chanvre, ou de produits obtenus à partir de ces parties de la plante, ne sont pas autorisées, quelle que soit la variété ». Autrement dit, la loi française interdit la vente et la consommati­on de produits ayant pour base les fleurs ou les feuilles de chanvre. Cette idée est d’ailleurs appuyée par Agnès Buzyn. La ministre de la Santé a pour projet de clarifier la loi, et annonce que ces magasins « auront fermé dans quelques mois ». Pourtant, les commerces de ce milieu ne jettent pas l’éponge. Amandine Contreau confie : « Pour le moment, tout le monde continue de vendre. Mais personnell­ement, si ça devient illégal, j’arrêterai la vente des produits qui contiennen­t du CBD. »

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 ?? (Photos Luc Boutria) ?? Jérémy Blot et Michel Mandic dans leur boutique Synaps’id à la Valette. Ils présentent ici des graines.
(Photos Luc Boutria) Jérémy Blot et Michel Mandic dans leur boutique Synaps’id à la Valette. Ils présentent ici des graines.

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