Il y a ans disparaissait Claude Meiffret
Décrit par tous comme un grand homme, généreux, bienveillant, un « père de famille », paternaliste, Claude Meiffret consacra une partie de sa vie à la dynamique entrepreneuriale du département. Au retour de son engagement volontaire lors de la Seconde Guerre mondiale, il reprend l’entreprise de transport avec son père et en fait la deuxième entreprise du Var. C’est le groupe BarlaMeiffret. L’entreprise passera de quelques dizaines de salariés à plus de 800 et développera des d’activités innovantes pour l’époque, parmi lesquelles les déménagements, la collecte des déchets ménagers et industriels, l’assainissement, mais aussi des agences de voyages et agences d’intérim… Très vite, il devient un industriel notoire de la région. Reconnu par ses pairs, il reçoit la médaille de l’ordre du Mérite par le président de la fédération nationale des transports en 1971, puis la Légion d’honneur des mains d’un certain Jacques Chirac, en 1975. Lorsqu’il engage son action consulaire en 1968, comme membre élu du bureau, il a tout juste 44 ans. Figure incontournable, il devient, en 1986, président de la chambre de commerce et d’industrie (CCI) du Var, jusqu’à son décès, le 8 août 1988.
Un bâtisseur
À la tête de la CCI, il s’impose comme un visionnaire bâtisseur. Il faut dire qu’à cette époque, les CCI sont à l’initiative des projets de territoire les plus ambitieux. Celui qui aimait la jeunesse, croit alors aux vertus du sport et du travail. ll souhaite moderniser les enseignements et crée l’école supérieure de commerce -l’ancêtre de Kedge Toulon-, la formation design et le lycée sportif section rugby sur le campus de la Grande Tourrache. Il fait ainsi de la CCI du Var une CCI qui dépasse ses missions régaliennes pour imaginer les solutions modernes nécessaires à l’essor de l’économie territoriale. On lui doit la réalisation d’un pôle de services aux entreprises à Saint-Raphaël. Cette première installation sur l’Est-Var servira de modèle aux autres agences créées partout dans le département les années suivantes. L’aménagement du territoire et la promotion du foncier économique font partie de ses convictions et caractérisent son style inimitable. Il s’impose en bon gestionnaire d’équipements portuaires, notamment du port de plaisance de Saint-Tropez. En hommage à son talent, Jean-Michel Couve, députémaire à l’époque, baptise de son nom le plus long des quais. Il développe la zone artisanale de Porquerolles, crée les ateliers relais sur la zone industrielle de ToulonEst et met en oeuvre l’aménagement de trois zones d’entreprises d’envergure : à Six Fours Les Playes, à La Farlède et à Signes. Même si la vie ne lui offrira pas le temps d’aller jusqu’à l’aboutissement de tous ses projets, il initiera en seulement deux ans les investissements les plus structurants des dernières décennies.
Le plateau de Signes
La zone créée à Signes est en passe de devenir un site de formation et d’expérimentation pour les transports du futur. La plus emblématique, la zone de Signes, qui fêtera elle aussi ses trente ans à la rentrée, lui rend hommage dès l’entrée sur le site et lui dédie la première de ses allées. En 1988, la CCI organise le redémarrage industriel, suite notamment à la fermeture des chantiers navals. Le gouvernement encourage la création de zones d’entreprises qui bénéficient d’exonérations fiscales. Et ça marche ! Pari gagné. Aujourd’hui, avec le retour du Grand Prix de France de Formule 1, une nouvelle dynamique s’installe. La boucle est bouclée. Déjà à l’époque, l’ensemble de ses initiatives permet au Var de faire peser son industrie et son économie à un niveau équivalent à celui des deux mastodontes voisins. Le bilan de mandature du président Claude Meiffret est d’une densité rare, inversement proportionnelle à la durée du mandat, précipitamment écourté. Claude Meiffret est à l’origine de la création de nombreuses structures parmi lesquelles le club des chefs d’entreprises du Var pour, disait-il, «faire jouer à fond l’effet de synergie», mais aussi la société de capital-risque Var Action, ou encore le centre d’entreprises et d’innovation (pépinière) de Toulon à Lagoubran.
Un mentor
L’équipe a perdu trop tôt son capitaine, mais ses héritiers sont toujours là, au premier rang desquels son fils Pierre, qui lui succédera à la tête de la CCI du Var. Celui pour qui Claude incarnait avant tout «un homme, un père, une époque, notre famille » s’attache à transmettre cette envie inimitable, une envie d’entreprendre, pour lui et pour les autres, celle d’un personnage en avance sur son temps. A ses côtés, alors, se trouve Jacques Bianchi. L’actuel président de la CCI du Var assure « s’inspirer » de celui qu’il considère comme «un véritable mentor », afin de poursuivre le développement économique du Var et les projets portés par la CCI, et «de lui rendre hommage chaque fois » qu’il le peut.