Votre série sur les bars populaires de la basse ville
Des filles de joie à la gentrification en route, ils ont tout connu. Var-matin vous invite chez les patrons et les habitués des bars de la basse ville. Cap sur Le Mondial Café
Un jour de 1985, je m’emmerdais, alors je suis rentré ! Le jour où je ne viendrai plus, c’est que je serai mort ! »Àunjetde cierge de la cathédrale, au comptoir du bar-restaurant Le Mondial Café, Gérard Texier, dit Tonton, ancien marin de 74 ans, sirote son Ricard. «Il est mieux dosé ici !», sourit le septuagénaire en faisant claquer sa langue contre son palais. Comptoir de bois et cacahuètes, carreaux de céramique vert et jaune au mur, télé diffusant les matches de la Coupe de la Monde… C’est vrai que l’endroit est bonnard et notre Gégé arrive de loin pour casser une graine. «Je viens exprès de Hyères en bus, deux fois par semaine. Je me sens bien ici… », glisse-t-il dans un sourire.
Aïoli
Ce natif d’Avignon a commencé à y traîner sa savate quelques années à peine après qu’un autre Gérard – Ciccione celui-ci – en prenne les rênes, en 1981. «Avant, le bar s’appelait juste Le Mondial, détaille Gérard-le-patron. Je l’ai alors renommé Le Mondial Café. Ça rappelait les cafés parisiens ! » Les ouvriers de l’Arsenal et les vendeuses de la rue d’Alger viennent y prendre cafés et apéros. « On était le seul bar à ne pas désemplir de6hà1h! », jure le boss. Le Mondial vit ses années dorées. L’âge de fer arrive avec les années 1990 et 2000, la fin de Chicago et la désertification du centre. Les travaux dans la vieille ville – «J’en ai eu pendant deux ans devant le bar! » –, les places de stationnement payantes et le passage à l’euro font le reste. «J’ai perdu 30 % de chiffre d’affaires avec le changement de monnaie», soupire Gérard Ciccione, qui prévoit de «se maintenir une dizaine d’années». Mais en attendant le tomber de rideau, l’heure est à la bombance: «Aujourd’hui, les clients sont surtout une équipe d’amis ! On se retrouve à 11 h pour un apéro-déjeuner. Avec des tripes, de la charcuterie, des coquillages. D’ailleurs, goûtez-moi cet aïoli. C’est le meilleur de Toulon ! »