Elle cherche un second souffle
Concurrencé par les spots maltais, croates, espagnols et à nouveau égyptiens, le secteur connaît cette saison une régression au niveau local. Une remise en question paraît souhaitable
Avec près de 150 000 licenciés au niveau national selon les chiffres du ministère des Sports, la plongée sous-marine n’est pas qu’une affaire d’initiés. Au classement des sports par nombre de licenciés, elle est loin des profondeurs du classement et arrive même devant le cyclotourisme ou le ski. Deux sports qui ont su faire de l’effort une industrie. D’autant qu’à ces fondus, s’ajouteraient 300 000 pratiquants occasionnels. Autant dire que, sur le littoral varois, et a fortiori dans les eaux du Parc national de Port-Cros, considéré comme un des plus beaux endroits pour promener ses palmes, l’activité plongée représente un enjeu touristique (lire les chiffres ci-contre).
Concurrence des autres destinations
« Le mot Parc national est très vendeur. Le lieu est superbe et les plongeurs savent que la qualité est là. Le Parc national a 52 ans, la faune et la flore sont présentes, on a les plus belles épaves au monde. C’est magique », s’enthousiasme encore Nicolas Barraqué, directeur de la publication du magazine Plongez, édité à Hyères. Pourtant, selon lui, la filière souffre pourtant actuellement du retour sur le devant de la palanquée des spots espagnols, maltais, égyptiens ou croates. Touchées il y a quelques années par le terrorisme, les destinations reprennent de l’air. «Ils se développent à nouveau et ils communiquent », soupire Nicolas Barraqué.
«Saison très molle»
Selon ce qui se dit autour des détendeurs, l’activité connaîtrait cet été une baisse de l’ordre de 12 %. Un chiffre difficile à consolider mais qui suivrait globalement la tendance touristique de juillet. Un rapide tour des clubs hyérois permet en revanche de confirmer que la saison semble plombée. À la tête de Mio Palmo, Jean Pomaret parle au mieux de « stabilité». « Ce qu’on peut noter, ajoute-t-il, c’est qu’on n’a pas affaire à des plongeurs de passage qui veulent découvrir le monde sous-marin à l’occasion d’un séjour à Hyères. Ceux qui viennent, sont ici spécialement pour plonger. » Un peu plus loin sur le littoral, un patron de club confie que la saison a démarré tard. « Elle a repris à la fin du Mondial, mais ce qu’on a perdu début juillet, on ne le retrouvera pas ». Enfin, Philippe Bernardi, patron d’Espace Mer à la Tour fondue, un des poids lourd du secteur, évoque une « saison très molle » pour le printemps et « catastrophique » pour juillet. Pour l’expliquer, il évoque en vrac le retour de la concurrence de l’Égypte, les grèves SNCF et un « effet destination Hyères qui reste cher ». « Et puis, la plongée n’est plus à la mode. Dans les médias, on ne parle de nous que lorsqu’il y a un accident. On oublie de dire à quel point c’est agréable et proche de l’environnement ».
Glissement de période
Seul motif de consolation pour l’ensemble des professionnels : si l’activité estivale est terne, les clubs voient les plongeurs venir de plus en plus tard dans l’année, et en particulier à l’automne. « Mais ce ne sont pas des touristes, il s’agit alors de plongeurs confirmés », note Philippe Bernardi. « Il y a 20 ans, tout le monde commençait en mars et s’arrêtait en septembre, confirme Nicolas Barraqué. Aujourd’hui, on commence plutôt en avril et on termine en novembre. Il y a un glissement très net ». L’activité plongée mériterait-elle plus de dynamique localement pour être mieux mise en valeur ? Nicolas Barraqué en est persuadé. «Ilya5 ou 6 ans, une étude de TPM a démontré que la plongée apportait plus de revenus que le nautisme parce qu’il y a toutes les nuitées et la restauration. Mais le secteur est très mal fédéré et divisé par les guéguerres internes ». À méditer.