Var-Matin (Grand Toulon)

Les immortels de la basse ville (Série /)

Ils connaissen­t tous les recoins de Toulon. Cet été, Var-matin vous invite chez les patrons et les habitués des bars de la basse ville. Pour cette dernière, rendez-vous au Brazza

- SIMON FONTVIEILL­E sfontvieil­le@nicematin.fr

Accoudé au comptoir de marbre piqueté de noir, Jean-Marc, employé de banque moustachu, se vide un petit demi dans le gosier. Ce geste, à ce comptoir, il le réalise depuis 25 ans. Pourtant, il y a houblon et houblon. «Vous savez, la bière et le Ricard, ça a toujours le même goût, confie le Corse. C’est le lien affectif avec les gens du bar qui est primordial. Et ici, les patrons sont des gens droits, avec le sens de la parole donnée. C’est plutôt rare par les temps qui courent…»

Heures sombres

Au 13 rue Hoche, c’est d’un néon rose que Le Brazza indique sa présence. Et si Christophe Marianelli n’en est le patron que depuis quatre ans, il connaît l’estaminet comme sa poche. «Mon patron, un ancien boucher, l’avait racheté en 1989, et j’y ai travaillé comme employé à partir de 1995 », explique l’actuel boss. Certes, les grandes heures de Chicago étaient déjà passées. Exit les aventures foldingues des années 1980. Mais l’essentiel n’est pas là. Car à en croire les clients, Christophe et sa femme, Sophie, ont réussi à faire du Brazza une sorte de cocon familial, légèrement hors du temps. « L’accueil est super-convivial !», lâchent Patricia et Frédéric en mangeant des rissoles à la soubressad­e. «Je viens ici trois fois par semaine avec une copine pour boire une grenadine et manger un sandwich! », lance depuis la terrasse Pina, une Calabraise sans âge. D’autant que cette famille-là a vécu ensemble des heures sombres. «Ce qui m’a marqué, c’est la mort de Serge Granata, le serveur qui travaillai­t ici, soupire JeanMarc. Il a eu un accident de scooter il y a cinq ans… Il était très apprécié de tous!» Et l’avenir ? Mystère. Il fait beau et la terrasse est pleine, mais les moeurs de la génération Y interpelle­nt. « Nous, on aime se retrouver ici avec un plateau de charcuteri­e, glisse JeanClaude, un militaire. Mais les jeunes, c’est pas dans leur culture. On est sans doute les derniers de notre espèce…»

 ??  ?? Au fait, « Brazza », ça vient d’où ? « A priori ,de l’explorateu­r Pierre Savorgnan de Brazza, qui a découvert le Congo ! », lance le patron, Stéphane Marianelli.
Au fait, « Brazza », ça vient d’où ? « A priori ,de l’explorateu­r Pierre Savorgnan de Brazza, qui a découvert le Congo ! », lance le patron, Stéphane Marianelli.

Newspapers in French

Newspapers from France