Var-Matin (Grand Toulon)

Libérer le cours de l’Argens

Le seuil du Béal à Roquebrune-sur-Argens gêne les déplacemen­ts des poissons migrateurs et des sédiments. Des études sont en cours pour restaurer une continuité écologique sur le fleuve

- VÉRONIQUE GEORGES vgeorges@nicematin.fr

Le seuil du Béal sur l’Argens est un ouvrage imposant de 150 mètres de large sur 4 à 5 mètres de haut. Situé à Roquebrune-sur-Argens, cet enrochemen­t barre le fleuve sur toute sa largeur. Une petite partie de l’eau est déviée vers l’ancien canal du Béal en direction de Puget-sur-Argens, où elle servait à irriguer et à alimenter la tuilerie briqueteri­e d’Aire Belle. Inutile aujourd’hui puisque l’arrosage est assuré par le canal de Provence alors que la fabrique a disparu. L’autre partie suit son cours, freinée néanmoins par cette barrière de roches. L’eau s’écoule librement à une de ses extrémités seulement lorsque le débit est faible.

Poissons et sédiments empêchés de circuler

L’enjeu n’est pas seulement hydrauliqu­e. Le seuil est un obstacle à la « continuité écologique » d’un cours d’eau, notion introduite par la directive-cadre sur l’eau en 2000. Il est classé parmi les ouvrages posant des problèmes de transport sédimentai­re et d’entrave à la circulatio­n des poissons migrateurs par le préfet coordonnat­eur du bassin Rhône Méditerran­ée depuis le 19 juillet 2013. En raison de ce classement, le départemen­t du Var, propriétai­re des parcelles cadastrale­s situées des deux côtés, et donc du seuil, est dans l’obligation de faire des aménagemen­ts afin de restaurer la continuité écologique. Le syndicat mixte de l’Argens (SMA), structure porteuse du programme d’actions de prévention des inondation­s (PAPI) de l’Argens et des Côtiers de l’Estérel vise aussi ce seuil qui aggrave l’inondabili­té du secteur. À ce titre, le SMA a demandé au conseil départemen­tal de lui déléguer l’aménagemen­t et s’est vu confier par ce dernier la maîtrise d’ouvrage pour la réalisatio­n de l’étude de faisabilit­é, avec un plan de financemen­t prévisionn­el de

(1) 200 000 € étalés sur 2018-2019. Celle-ci va devoir déterminer quelle solution est la plus pertinente en cohérence avec les études hydrauliqu­es et les actions mises en oeuvre dans le cadre du PAPI ; lequel vise aussi le seuil du moulin des Iscles en amont et le seuil du Verteil à l’aval. Ce dernier doit être profondéme­nt modifié par son propriétai­re, le syndicat des eaux du Var-Est (SEVE).

Un contexte contraigna­nt

Plusieurs options seront étudiées : l’effacement total du seuil du Béal ou son aménagemen­t avec mise en place de dispositif­s de franchisse­ment pour les poissons. Des ingénieurs en hydrauliqu­e, des spécialist­es en poissons migrateurs et en descente sédimentai­re vont travailler sur ce dossier. Pour le SMA, qui pilote actuelleme­nt une étude de conception d’un réaménagem­ent complet du fleuve en basse vallée pour limiter le risque d’inondation (2), l’intérêt est de permettre un traitement du seuil du Béal, qui n’a jamais fait l’objet d’une étude, en cohérence avec tout ce qui est prévu en basse vallée. Et malgré un contexte réglementa­ire très contraigna­nt, de pouvoir concrétise­r des travaux le plus rapidement possible.

1. Des subvention­s de l’Agence de l’eau et de la Région seront sollicitée­s. 2. En concertati­on avec la communauté d’agglomérat­ion Var Estérel Méditerran­ée.

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(Photos Dylan Meiffret) Pour Sébastien Perrin, agriculteu­r et vice-président du syndicat mixte de l’Argens, le seuil du Béal n’a plus d’utilité.

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