Libérer le cours de l’Argens
Le seuil du Béal à Roquebrune-sur-Argens gêne les déplacements des poissons migrateurs et des sédiments. Des études sont en cours pour restaurer une continuité écologique sur le fleuve
Le seuil du Béal sur l’Argens est un ouvrage imposant de 150 mètres de large sur 4 à 5 mètres de haut. Situé à Roquebrune-sur-Argens, cet enrochement barre le fleuve sur toute sa largeur. Une petite partie de l’eau est déviée vers l’ancien canal du Béal en direction de Puget-sur-Argens, où elle servait à irriguer et à alimenter la tuilerie briqueterie d’Aire Belle. Inutile aujourd’hui puisque l’arrosage est assuré par le canal de Provence alors que la fabrique a disparu. L’autre partie suit son cours, freinée néanmoins par cette barrière de roches. L’eau s’écoule librement à une de ses extrémités seulement lorsque le débit est faible.
Poissons et sédiments empêchés de circuler
L’enjeu n’est pas seulement hydraulique. Le seuil est un obstacle à la « continuité écologique » d’un cours d’eau, notion introduite par la directive-cadre sur l’eau en 2000. Il est classé parmi les ouvrages posant des problèmes de transport sédimentaire et d’entrave à la circulation des poissons migrateurs par le préfet coordonnateur du bassin Rhône Méditerranée depuis le 19 juillet 2013. En raison de ce classement, le département du Var, propriétaire des parcelles cadastrales situées des deux côtés, et donc du seuil, est dans l’obligation de faire des aménagements afin de restaurer la continuité écologique. Le syndicat mixte de l’Argens (SMA), structure porteuse du programme d’actions de prévention des inondations (PAPI) de l’Argens et des Côtiers de l’Estérel vise aussi ce seuil qui aggrave l’inondabilité du secteur. À ce titre, le SMA a demandé au conseil départemental de lui déléguer l’aménagement et s’est vu confier par ce dernier la maîtrise d’ouvrage pour la réalisation de l’étude de faisabilité, avec un plan de financement prévisionnel de
(1) 200 000 € étalés sur 2018-2019. Celle-ci va devoir déterminer quelle solution est la plus pertinente en cohérence avec les études hydrauliques et les actions mises en oeuvre dans le cadre du PAPI ; lequel vise aussi le seuil du moulin des Iscles en amont et le seuil du Verteil à l’aval. Ce dernier doit être profondément modifié par son propriétaire, le syndicat des eaux du Var-Est (SEVE).
Un contexte contraignant
Plusieurs options seront étudiées : l’effacement total du seuil du Béal ou son aménagement avec mise en place de dispositifs de franchissement pour les poissons. Des ingénieurs en hydraulique, des spécialistes en poissons migrateurs et en descente sédimentaire vont travailler sur ce dossier. Pour le SMA, qui pilote actuellement une étude de conception d’un réaménagement complet du fleuve en basse vallée pour limiter le risque d’inondation (2), l’intérêt est de permettre un traitement du seuil du Béal, qui n’a jamais fait l’objet d’une étude, en cohérence avec tout ce qui est prévu en basse vallée. Et malgré un contexte réglementaire très contraignant, de pouvoir concrétiser des travaux le plus rapidement possible.
1. Des subventions de l’Agence de l’eau et de la Région seront sollicitées. 2. En concertation avec la communauté d’agglomération Var Estérel Méditerranée.