Var-Matin (Grand Toulon)

Ils marcheront pour Demba tombé sous les balles

Une marche est organisée ce matin à La Seyne, par la famille de Demba Touré, mort à 24 ans sous des tirs de kalachniko­v. Persuadés qu’il a été tué par erreur, les siens demandent justice

- SO. B. sbonnin@varmatin.com

Une soeur et un frère, unis dans la douleur. Ils viennent parler au nom de toute une famille. Demba Touré, un Seynois de 24 ans, a été abattu en pleine rue, il y a une semaine. Peu après minuit, il se trouvait dans sa Clio, près du centre-ville, quand sa voiture a été criblée de balles. Une rafale de kalachniko­v – 28 étuis ont été ramassés sur le lieu de la fusillade. Ce samedi matin, les proches de Demba Touré organisent une marche en sa mémoire, dans les rues de La Seyne – depuis l’immeuble de Berthe où il habitait avec ses parents, jusqu’au lieu du meurtre, boulevard Stalingrad. Une marche autorisée par les autorités.

« Ne pas l’oublier »

« Ne pas oublier Demba. » « Demander que cela ne se reproduise pas. »« Que d’autres mamans n’aient pas à pleurer la perte d’un enfant. » La famille sait bien qu’elle fait face au jugement de la vox populi, pour qui la mort de Demba ne peut pas être innocente. Mais eux restent persuadés du contraire. L’un de ses frères, Poullo sait que « l’enquête suit son cours, mais le doute existe, même pour les policiers », assure-t-il. Si elle ne peut pas être définitive, la possibilit­é d’une erreur sur la cible, a été confirmée par le parquet de Toulon. Demba Touré n’avait aucun casier judiciaire et un policier livre effectivem­ent qu’il « n’apparaît dans aucun plan stups ». En l’état des investigat­ions, l’hypothèse d’une erreur est sérieuse. Il n’empêche, en matière criminelle, «on se doit d’évoquer toutes les pistes », tranche une source judiciaire, et de toutes les vérifier.

Autopsie pratiquée

L’heure est donc à l’enquête confiée à la police judiciaire de Toulon, alors que l’autopsie a été réalisée. Et c’est justement justice que la famille demande aujourd’hui. L’une des soeurs du jeune homme, Hawa, évoque « une famille soudée», dont « les parents ont élevé leurs cinq enfants de façon droite ». Celle qui «a grandi à La Seyne », avant de travailler aujourd’hui à Lille, avoue « ne pas reconnaîtr­e un quartier marqué par la montée de la violence ». Elle poursuit : « En ce moment, il y a plein de conflits à la cité. On veut montrer qu’on n’est pas d’accord avec ce qu’il se passe.» La fureur des armes rejaillit sur l’ensemble d’un quartier, associé à une mauvaise image. « On veut montrer que sur 15 000 habitants de Berthe, il y a peut-être une centaine qui sont des voyous. La plupart des gens qui vivent dedans mènent une vie stable », décrit Poullo. Les funéraille­s auront lieu dès que le corps sera rendu à la famille. Selon la tradition de ses parents, Demba Touré sera inhumé au Sénégal. «Dans notre culture, on doit être fort et rester digne. Pour que le mort puisse partir. » Rassemblem­ent ce matin à 9 h 30 sur la place Saint-Jean à Berthe ; départ à 10 h jusqu’au boulevard Stalingrad. Des roses blanches seront déposées sur le lieu du meurtre.

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(Photos Valérie Le Parc) Hier matin sur le port de La Seyne, soeur et frère de Demba Touré, assassiné le  juillet dernier.

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