Le SAMU en souffrance
Quand vous faites le 15, ce sont eux qui vous répondent. À Toulon, les assistants et les médecins de régulation du Service d’aide médicale urgente sont débordés par le nombre d’appels. Ils demandent des moyens pour remplir leur mission. Six recrutements s
Habituées à travailler dans des conditions difficiles l’été, les équipes du Service d’aide médicale urgente ont connu l’un des pires mois d’août depuis que le SAMU 83 existe. Le samedi 4 août, 2 200 appels ont été passés, des quatre coins du Var, pour joindre le 15, le numéro dédié aux urgences médicales. Le week-end suivant, avec plus de 150 appels par heure, certains n’ont abouti qu’après 20 minutes d’attente. Face à leurs quatre ordinateurs, les assistants de régulation médicale (ARM), casque sur les oreilles, décrochent pourtant à la chaîne, comme nous l’avons constaté hier matin dans la salle de régulation, à l’hôpital SainteMusse de Toulon. Leur mission : prendre les coordonnées, l’adresse, et la situation médicale des personnes, éléments qu’ils transcrivent en direct sur leur clavier. Ces fiches aboutissent sur l’ordinateur du médecin régulateur vers qui la personne est orientée. Il s’agit d’un généraliste pour tout ce qui relève du conseil médical général (fièvre, toux, gastro-entérite…), d’un urgentiste pour toute situation vitale ou potentiellement vitale (douleur à la poitrine, difficulté respiratoire, accident traumatologique, noyade…).
Les personnels sont à bout : « On ne sait jamais derrière l’appel ce qu’il y a : une erreur de téléphone, ça arrive parfois, une demande de conseil médical, ou une urgence vitale à laquelle il faut savoir répondre immédiatement », confie un ARM, stressé à l’idée de passer à côté d’une détresse vitale absolue.
Les assistants de régulation en grève depuis le août
Les médecins n’ont de cesse de réclamer des renforts à leurs autorités de tutelle, la direction de l’établissement et l’Agence régionale de santé. «Jelesai
alertées plusieurs fois, indique le Dr Laurent Bécé, chef du SAMU 83. Elles sont à l’écoute, mais dépendent de la dotation nationale. Le problème est national (comme l’a révélé le magazine Le Point hier, Ndlr - lire également en page France). Tant que Bercy n’a pas décidé de donner des moyens, rien ne bouge. »
Les chiffres sont éloquents : l’activité du SAMU, qui augmente de 6 à 7 % par an, est déjà en hausse de 8 % en 2018. « On a eu des journées de semaine ou certains médecins traitent 200 appels par jour en médecine générale. C’est illusoire, voire dangereux. On a obtenu la possibilité de passer de deux à trois médecins en semaine, mais il y a une carence
des des urgentistes ARM ont eu en des France. cadences Côté humain, intenables, ils finissent sur les rotules, parfois en pleurs. Ce sont des choses inacceptables. » Et cela a conduit trente des trentedeux assistants de régulation à se déclarer en grève le 18 août, même s’ils travaillent sur réquisition. Une bonne nouvelle est tombée voici quelques jours : « On vient de nous annoncer un recrutement de six ARM»,
souligne le chef de service. Les deux premiers prendront leur poste en septembre… « Ils vont arriver après la
guer re », regrette Jean-René, un ARM. Difficile de ne pas rappeler les responsabilités de chacun d’entre nous dans cette situation. « La mission officielle du SAMU est de répondre aux demandes de soins non programmés », souligne le
Dr Bécé. Or sur les 380 000 appels annuels, 47 % relèvent de la simple médecine générale et 5 % des dossiers traités déclenchent un départ de SMUR (équipe mobile d’urgence et de réanimation)...
Il n’y a pas de temps mort dans la salle de régulation du SAMU , à l’hôpital Sainte-Musse de Toulon, où aboutissent les appels annuels passés au pour tout le Var.