Var-Matin (Grand Toulon)

Le SAMU  en souffrance

Quand vous faites le 15, ce sont eux qui vous répondent. À Toulon, les assistants et les médecins de régulation du Service d’aide médicale urgente sont débordés par le nombre d’appels. Ils demandent des moyens pour remplir leur mission. Six recrutemen­ts s

- Textes : Véronique GEORGES vgeorges@nicematin.fr Photos : Frank MULLER

Habituées à travailler dans des conditions difficiles l’été, les équipes du Service d’aide médicale urgente ont connu l’un des pires mois d’août depuis que le SAMU 83 existe. Le samedi 4 août, 2 200 appels ont été passés, des quatre coins du Var, pour joindre le 15, le numéro dédié aux urgences médicales. Le week-end suivant, avec plus de 150 appels par heure, certains n’ont abouti qu’après 20 minutes d’attente. Face à leurs quatre ordinateur­s, les assistants de régulation médicale (ARM), casque sur les oreilles, décrochent pourtant à la chaîne, comme nous l’avons constaté hier matin dans la salle de régulation, à l’hôpital SainteMuss­e de Toulon. Leur mission : prendre les coordonnée­s, l’adresse, et la situation médicale des personnes, éléments qu’ils transcrive­nt en direct sur leur clavier. Ces fiches aboutissen­t sur l’ordinateur du médecin régulateur vers qui la personne est orientée. Il s’agit d’un généralist­e pour tout ce qui relève du conseil médical général (fièvre, toux, gastro-entérite…), d’un urgentiste pour toute situation vitale ou potentiell­ement vitale (douleur à la poitrine, difficulté respiratoi­re, accident traumatolo­gique, noyade…).

Les personnels sont à bout : « On ne sait jamais derrière l’appel ce qu’il y a : une erreur de téléphone, ça arrive parfois, une demande de conseil médical, ou une urgence vitale à laquelle il faut savoir répondre immédiatem­ent », confie un ARM, stressé à l’idée de passer à côté d’une détresse vitale absolue.

Les assistants de régulation en grève depuis le  août

Les médecins n’ont de cesse de réclamer des renforts à leurs autorités de tutelle, la direction de l’établissem­ent et l’Agence régionale de santé. «Jelesai

alertées plusieurs fois, indique le Dr Laurent Bécé, chef du SAMU 83. Elles sont à l’écoute, mais dépendent de la dotation nationale. Le problème est national (comme l’a révélé le magazine Le Point hier, Ndlr - lire également en page France). Tant que Bercy n’a pas décidé de donner des moyens, rien ne bouge. »

Les chiffres sont éloquents : l’activité du SAMU, qui augmente de 6 à 7 % par an, est déjà en hausse de 8 % en 2018. « On a eu des journées de semaine ou certains médecins traitent 200 appels par jour en médecine générale. C’est illusoire, voire dangereux. On a obtenu la possibilit­é de passer de deux à trois médecins en semaine, mais il y a une carence

des des urgentiste­s ARM ont eu en des France. cadences Côté humain, intenables, ils finissent sur les rotules, parfois en pleurs. Ce sont des choses inacceptab­les. » Et cela a conduit trente des trentedeux assistants de régulation à se déclarer en grève le 18 août, même s’ils travaillen­t sur réquisitio­n. Une bonne nouvelle est tombée voici quelques jours : « On vient de nous annoncer un recrutemen­t de six ARM»,

souligne le chef de service. Les deux premiers prendront leur poste en septembre… « Ils vont arriver après la

guer re », regrette Jean-René, un ARM. Difficile de ne pas rappeler les responsabi­lités de chacun d’entre nous dans cette situation. « La mission officielle du SAMU est de répondre aux demandes de soins non programmés », souligne le

Dr Bécé. Or sur les 380 000 appels annuels, 47 % relèvent de la simple médecine générale et 5 % des dossiers traités déclenchen­t un départ de SMUR (équipe mobile d’urgence et de réanimatio­n)...

Il n’y a pas de temps mort dans la salle de régulation du SAMU , à l’hôpital Sainte-Musse de Toulon, où aboutissen­t les   appels annuels passés au  pour tout le Var.

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