Var-Matin (Grand Toulon)

« Face à la quantité d’appels, la tension est due à la difficulté de décrocher très vite »

L’expert Dr Catherine Velly, chef de pôle Urgences Samu 83

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Chef du pôle Urgences Samu , le Dr Catherine Velly est à l’écoute des équipes, tout comme des usagers. Dans la salle sécurisée de régulation, elle explique le dispositif.

Quel est le fonctionne­ment du SAMU  ? La régulation médicale est un vecteur d’optimisati­on de santé, tout en assurant l’égalité d’accès de la population aux soins. Tous les appels au  du Var arrivent en salle de régulation du SAMU . Ils sont pris en charge par un assistant de régulation médicale, puis traités en fonction du contexte par un médecin régulateur urgentiste (un médecin par  h) ou par un médecin régulateur généralist­e (trois par  h). Ils sont épaulés par un assistant de régulation médicale (ARM) superviseu­r, dont le rôle principal est de gérer les flux et un ARM responsabl­e des moyens qui déclenche les secours (SMUR médicalisé, médecin correspond­ant de SAMU, pompiers, SOS médecins).

Comment quadrillez-vous le terrain ? Les SMUR (un médecin urgentiste, un infirmier et un ambulancie­r) sont prêts à intervenir sur tout le Var,  j/,  h/, à partir des hôpitaux de Toulon, Hyères, La Seyne, Fréjus, Gassin, Brignoles et Draguignan, ainsi que d’une plateforme au Lavandou l’été. Quelques généralist­es, correspond­ants du SAMU dans des lieux isolés (Porqueroll­es, Haut Var, Pays de Fayence) sont équipés et se déplacent à notre demande sur une urgence vitale en attente d’un SMUR. L’hélicoptèr­e SAMU  (Spinal) ou le Dragon  de la Sécurité civile (en été) complètent le dispositif. Le SAMU est également SAMU de coordinati­on médicale maritime et traite les interventi­ons médicales en mer, en lien avec le CROSS-Med.

Qui est en première ligne ? Les ARM sont les premiers à écouter les personnes requérant des soins, des conseils ou faisant face à une urgence vitale d’un tiers. Ils doivent prendre les coordonnée­s, les adresses, les situations médicales, ils saisissent toutes ces données dans les ordinateur­s et des logiciels, aident à orienter vers un médecin de régulation d’urgence ou de régulation de médecine générale pour les plus simples. Les appels sont-ils priorisés ? Oui, l’ARM sait si l’appel provient d’un médecin, des pompiers ou des particulie­rs. D’ailleurs, le particulie­r peut indiquer après l’écoute de la bande d’annonce du SAMU s’il s’agit d’une demande de conseil médical. L’urgence ressentie par l’appelant est prise en compte.

Quelles sont les difficulté­s ? La forte saisonnali­té dans le Var, avec la population qui double en été. De plus, nous sommes confrontés à des pathologie­s circonstan­cielles (noyades, accidents de la voie publique, accidents de plongée) et nous avons à coeur de prendre en charge une partie de la population âgée et polypathol­ogique. Chaque année, notre activité estivale est en progressio­n et cet été c’est encore le cas.

Comment les équipes gèrent-elles le stress ? On a augmenté le nombre d’ARM en salle il y a une semaine. Devant la quantité d’appels, la tension est forte, due à la difficulté de décrocher très vite pour répondre aux recommanda­tions profession­nelles. On a une cellule de soutien psychologi­que. Un psychiatre qui reçoit tous les personnels, une fois par mois. C’est une soupape. Les agents ne peuvent pas tout absorber.

Certains médecins dénoncent le fait que des gens appellent alors qu’il n’y a pas d’urgence… C’est une question sociétale. Nous sommes le dernier recours pour l’accès au soin. La population a pris l’habitude d’appeler le  pour tout et n’importe quoi. On a aussi des maisons de retraite qui appellent en heures ouvrables, des infirmière­s à domicile qui n’arrivent pas à joindre le médecin généralist­e de leur patient, des parents qui n’arrivent pas à gérer leur enfant, des patients qui veulent une vérificati­on de la prescripti­on de leur médecin, de jeunes parents paniqués pour le moindre truc. Tout arrive au  et ça encombre les lignes. On ne peut pas jeter la pierre aux gens, c’est complexe.

Quelle est la solution ? Elle est en cours de définition par le ministère de la Santé avec une annonce attendue à la mi-septembre.

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