TAXES : LES RETRAITÉS FONT DE LA RÉSISTANCE
Hausse de la CSG, revalorisation des pensions jugée insuffisante... Le sentiment d’être des « vaches à lait » enfle chez les aînés. La baisse de la taxe d’habitation ne suffit pas : la grogne monte et leur vie quotidienne s’en ressent. Y compris dans la r
Hausse de la CSG, taxes énergétiques, pensions et moral en berne : nos aînés digèrent mal les mesures fiscales qui les pénalisent. Refusant de passer pour des privilégiés, s’adaptant quand le pouvoir d’achat est amputé, ils envoient un message au gouvernement : des efforts, soit, mais pas d’injustice !
Nous tenons vivement à vous remercier pour votre sens de l’injustice sociale. » La formule fait mouche. Christiane et Daniel Kohn, retraités vivant dans la Tinée (Alpes-Maritimes), l’ont écrite dans un courrier adressé au président de la République, en février dernier. Sans se démonter, ce couple de «retraités modestes, non imposables», présente ses comptes à l’Élysée. En 2018, Christiane et Daniel paient 486 € de CSG en plus, et 76 € de moins au titre de la taxe d’habitation. Bref, le compte n’y est pas. Ce couple d’Azuréens est loin d’être isolé. Les mesures gouvernementales qui touchent au portefeuille des retraités, faisant des perdants et des gagnants, commencent à produire leurs effets. Et leur lot de mécontents. La hausse de la contribution sociale généralisée (+1,7 %) en janvier dernier, et la faible revalorisation des pensions annoncée fin août (+0,3 % en 2019 et 2020, bien loin de l’inflation estimée à +1,6 % par l’Insee) ont sérieusement altéré le capital confiance des retraités. Quand elles ne grignotent pas leur capital tout court. Il y a bien la suppression progressive de la taxe d’habitation pour 80 % des ménages. Il y a bien ce geste, annoncé le 20 septembre par Édouard Philippe, de baisser la CSG pour 300 000 retraités modestes, et non plus 100 000. Mais cette annonce est un signe : le gouvernement lâche un peu de lest face à une grogne croissante. Naguère chouchou des seniors, Emmanuel Macron n’a plus la cote chez nos aînés. Invoquer le pouvoir d’achat des actifs ne suffit plus. Leur dire « merci » pour leurs efforts non plus. en 2020 pour huit retraités sur dix. Difficile de généraliser, tant les cas sont contrastés. Mais les perdants de l’opération ont un goût amer. «Je perds de l’argent cette année, l’année prochaine, ainsi que les suivantes, même après la suppression totale de la taxe d’habitation », témoigne Georges Rouquier, 69 ans, qui réside en logement social près de Grasse (Alpes-Maritimes). « Pourtant, je vis sans excès. Peu de restaurants, une semaine de vacances par an – dans la famille, bien sûr – avec des enfants et petits-enfants qu’il nous faut aider… » À l’instar de Georges, nombre de retraités ont répondu à notre appel à témoins. Quasi tous expriment leur colère, voire leur sentiment d’être considérés à tort comme des « privilégiés ». Pas sûr que le retour à l’équilibre du budget de la Sécu – une première depuis dix-huit ans – fasse passer la pilule du quasi gel des pensions de reversion et des APL. Dans ce contexte, les syndicats entendent riposter dans la rue. La CFDT retraités appelle à une journée nationale d’action le 4 octobre. Les autres syndicats encouragent retraités et actifs à défiler ensemble le 9 octobre. De leur côté, les retraités au pouvoir d’achat affecté par ces mesures s’organisent. Réduisent certains postes de dépense. Cherchent de nouvelles sources de revenus. Certains saluent l’effort collectif, au nom de la nécessaire réduction des déficits publics. Mais en attendant l’examen de la réforme des retraites l’an prochain, le gouvernement avance en terrain miné.