«Maintenant, ils viennent voler la nuit avec des lampes frontales»
À Pégomas, Mandelieu, Tanneron, aucune plantation d’eucalyptus n’a échappé à l’appétit des voleurs. « C’est tous les ans, tout le temps, à la tombée de la nuit jusqu’à assez tard, précise René Bonetto, installé à Tanneron. Ils repartent avec une centaine à plusieurs centaines de kilos de feuillage. Le préjudice dépend des variétés et des quantités. Moi je vends entre 4,5 et 8 euros le kg, ça peut donc vite chiffrer ». Il ajoute : « Les dégâts sont terribles. Un arbre, c’est comme un bébé, on l’élève et au moment de récolter, les branches ont disparu. Ils massacrent les plants, on doit retailler, brûler… »
Les producteurs font des rondes de nuit
Dans le massif de Tanneron, les professionnels, solidaires, s’organisent. «La semaine dernière, j’ai mis deux hommes en fuite aux Marjoris. On fait des rondes de nuit, on s’appelle quand on voit un véhicule suspect, témoigne M. Bonetto. Il y a deux ans, on a pu en coincer trois de jour, on a appelé les gendarmes. Les voleurs n’avaient pas de papiers. Je ne connais pas la suite. Je pense qu’il y a toute une organisation derrière. Eux doivent être payés une misère, au noir, ce sont des pauvres gens qui se font exploiter, qui n’ont rien à manger ». L’exaspération des producteurs de feuillage, souvent cultivateurs de mimosa, dont les vols se multiplient aussi, est à son comble. « Le problème sous-jacent, c’est la tension qui monte. Si un jour quelqu’un, qui a subi de grosses pertes, en attrape un, ça peut déraper, il peut avoir envie de se faire justice ».
« Un jour, ça va mal finir »
Max Covili, dont les parcelles sont situées à Mandelieu et Tanneron, constate une évolution : «Avant, les vols avaient lieu le week-end et les jours fériés. Maintenant, les voleurs viennent la nuit avec des lampes frontales. Il y a deux semaines, un collègue en a attrapé deux à minuit, avec les frontales ». Une double peine pour les horticulteurs : « Ils saccagent les arbres, on doit retailler et attendre douze à quatorze mois pour avoir la même marchandise ». Ses derniers mots confirment l’inquiétude de son confrère sur le risque de dérapage : « Un jour, on va en prendre un et ça va mal finir. On ne peut pas se laisser piller sans rien faire ».