Gallieni, le maréchal oublié des commémorations ?
En marge de la polémique sur l’hommage au maréchal Pétain, le gouvernement semble avoir zappé Joseph Gallieni, inhumé à Saint-Raphaël. Avant de rectifier le tir in extremis
Il s’agira de rendre hommage aux huit maréchaux qui ont dirigé les combats pendant la Première Guerre mondiale, oeuvré pour la victoire finale tout au long de la guerre et dont cinq sont inhumés aux Invalides. » C’est en ces termes que, le 18 septembre, le gouvernement annonce officiellement les commémorations du 11-Novembre. Tollé ! Parmi ces huit maréchaux, figure le maréchal Pétain. Plusieurs ministres montent aussitôt au front pour tenter de dissiper tout « malentendu ». À l’instar du porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, qui déclarait mercredi : « Nous avions annoncé que nous honorerions les maréchaux de la Grande Guerre. Certains en ont déduit que Pétain en faisait partie ; ce n’est pas le cas. » Avant-hier, c’est la ministre des transports, Élisabeth Borne, qui monte au créneau : « Il n’a jamais été question de rendre hommage [à] Pétain. Il a toujours été question de rendre hommage aux six maréchaux de la Grande Guerre.»
Le maréchal Gallieni manque à l’appel
Or, historiquement, ils sont bien huit à avoir dirigé les combats pendant le premier conflit mondial : Foch, Lyautey, Franchet d’Espèrey, Fayolle, Manoury, Pétain, Joffre et Gallieni. Les cinq premiers sont inhumés aux Invalides. Pétain repose à l’île d’Yeu ; Joffre, à Louveciennes, près de Versailles. Cherchez l’erreur : huit moins un (Philippe Pétain), cela fait sept. Qui est donc le second recalé ? Joseph Gallieni, mort le 27 mai 1916 et enterré au cimetière Alphonse-Karr à Saint-Raphaël. Serait-il passé aux oubliettes de l’histoire de France ? Hier matin, le service de presse de l’Élysée a tenté d’éclaircir la volonté du gouvernement : « Non, le maréchal Gallieni n’est pas exclu ! En fait, cette cérémonie du 11 novembre 2018 sera la même que les années précédentes. Sauf qu’en ce centenaire, et selon le souhait du président de la République, un hommage particulier sera rendu aux cinq maréchaux inhumés aux Invalides. Ainsi, la tombe du maréchal Foch sera fleurie par le chef d’état-major du Président, les tombes de Lyautey, Franchet d’Espèrey, Fayolle, Manoury seront fleuries par le chef d’état-major des Armées et, comme cela se fait chaque année, les tombes du maréchal Joffre et du maréchal Gallieni seront, elles, fleuries par le préfet des départements où ils reposent. » Sauf que, hier matin, rien n’était encore officialisé du côté de la préfecture du Var. Joint par téléphone, le responsable communication de l’Élysée s’en étonne : «Ah bon ? Je vais me renseigner… »
Victime collatérale ?
Deux heures plus tard, le service communication de la préfecture confirme : « Oui, un dépôt de gerbe est bien prévu ce dimanche 11 novembre. Ce ne sera pas le préfet, mais le sous-préfet de Draguignan qui se rendra sur la tombe du maréchal Gallieni à Saint-Raphaël, au nom du président de la République. En revanche, nous ne sommes pas encore en mesure de vous donner l’heure. Nous la communiquerons dès que possible (1)…» Du côté de l’hôtel de ville de SaintRaphaël, le maire Frédéric Masquelier n’a pas jugé utile de réagir concernant cet oubli… visiblement rattrapé à la volée. « Après recherche, nous pensons que le maréchal Gallieni n’est volontairement pas cité, car il est décédé avant la fin de la guerre, en 1916, et qu’il n’a été nommé maréchal, à titre posthume, qu’en 1921 », risque le responsable du service de presse de la mairie. Gallieni est-il une victime collatérale de la « gaffe Pétain » ? C’est plus que probable. Devant tant d’ingratitudes, notre maréchal aurait de quoi se retourner dans sa tombe... 1. Hier soir, la préfecture a précisé dans un communiqué que la cérémonie se tiendra dimanche à 13 heures au cimetière Alphonse-Karr.