Attentat de Nice : l’audition du maire réclamée
Des familles de victimes demandent à ce que Philippe Pradal et Christian Estrosi, maire et premier adjoint de l’époque, soient entendus par le juge d’instruction
La vérité. Toute la vérité sur les conditions de sécurisation de la « Prom’ Party» et du feu d’artifice, le soir du 14 juillet 2016. Dans l’enquête sur l’attentat de Nice, une dizaine de victimes réclament l’audition de Philippe Pradal et de Christian Estrosi, respectivement maire et premier adjoint de l’époque. L’une des familles est originaire de la région lyonnaise. « J’ai pu constater que l’instruction est bien menée, mais on s’aperçoit que seuls les agents du Centre de supervision urbain ont été entendus, ainsi que les policiers municipaux, nationaux et quelques cadres. Mais pas le maire de l’époque Philippe Pradal, et son adjoint Christian Estrosi», confie Stéphane Erbs, qui a perdu sa femme Rachel, 39 ans, dans l’attentat. Il est également trésorier de l’association Promenade des Anges. Son but est clair : «Nous souhaitons une confrontation dans le bureau du juge, pour que MM. Pradal et Estrosi nous expliquent les défaillances dans le processus de prise de décision. L’idée n’est pas de leur taper dessus, mais de comprendre l’enchaînement. » Me Fabien Rajon, l’avocat de ces victimes, inscrit au barreau de Lyon, indique avoir déposé une demande auprès du magistrat instructeur. «Je rappelle que deux instructions sont conduites en parallèle par les magistrats : l’une à Paris s’agissant de l’attentat perpétré par le terroriste islamiste et ses complices. L’autre à Nice, qui tente d’éclaircir les conditions d’organisation de la Prom’ Party dans un contexte de menace terroriste.» Qu’attendre d’une audition du maire et son adjoint ? « Je veux être très clair avec vous : mes clients ne confondent en aucun cas la responsabilité du terroriste imprégné d’idéologie islamiste radicale, responsable d’une tuerie de masse et celle, à établir ou non, au terme de cette information judiciaire, des organisateurs du 14 juillet 2016. À Nice, un juge d’instruction enquête actuellement sur les conditions d’organisation de la Prom’ Party 2016, sur des éventuelles défaillances, dans le cadre d’une information judiciaire ouverte pour mise en danger délibérée de la vie d’autrui.» L’avocat estime qu’il est indispensable que le maire et son premier adjoint soient entendus dans ce cadre, «dans le strict respect de la présomption d’innocence mais avec toute la rigueur et la célérité qui s’imposent». Jean-Claude Hubler, vice-président de l’association Promenade des Anges, qui regroupe une grande partie des victimes, estime la demande « légitime». L’avocat de la ville de Nice, Me Jean-Yves Leborgne, affirme que la collectivité a toujours souhaité contribuer à la manifestation de la vérité. «Les élus de la municipalité veulent être entendus par les enquêteurs, dans cette procédure qui concerne un dispositif de sécurité arrêté par l’État, tout comme doivent l’être le préfet et le ministre de l’Intérieur. »