Var-Matin (Grand Toulon)

Les mutins du Chemin des Dames

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La bataille du Chemin des Dames, aussi appelée « offensive Nivelle » - nom du général Robert Georges Nivelle (1856-1924) commence le 16 avril 1917, à 6 heures du matin, alors que les soldats français tentent de briser le front allemand, sur une ligne de crête entre les vallées de l’Aisne et de l’Ailette. C’est sur ce chemin des Dames que les chars d’assaut améliorés du mathématic­ien niçois Paul Montel (lire en pages précédente­s) font leur apparition. Selon les plans de Nivelle, les poilus doivent progresser de cent mètres toutes les trois minutes, sur les trente kilomètres du Chemin des Dames. Fusils, grenades, bidons, vivres, les 180 000 fantassins sont chargés comme des mules pour gravir la pente raide, boueuse, instable et défoncée, dans le froid, la pluie et la neige. L’artillerie n’a pas ouvert les brèches escomptées.

 soldats arrêtés

En surplomb, les mitrailleu­ses allemandes sont à la fête. Près de 30 000 soldats français sont tombés, dont plus de 8 000 « tirailleur­s sénégalais ». Nivelle persiste. Les revers se succèdent. Le 27 mai, les troupes refusent de remonter au front. Ce sont les « mutineries ». 130 hommes sont arrêtés, dont cinq seront condamnés à mort le 4 juin suivant et fusillés « pour l’exemple» le 17 juin. Malgré tout, les offensives vont continuer encore cinq mois, jusqu’au 27 octobre, et toujours sans succès. À la suite de ces batailles, Nivelle sera révoqué au profit de Pétain. Il y a cent ans, le  novembre, l’Armistice est signé, dans un wagon, au coeur de la forêt de Compiègne, à Rethondes. Le sénateur du Var, Georges Clemenceau, devenu ministre de la Guerre en , prend le surnom de Père la Victoire.  millions de combattant­s sont morts, dont , million de Français. Mais il y a aussi les blessés :  millions, parmi lesquels les Gueules Cassées. Ils sont défigurés. Beaucoup ne retrouvero­nt jamais leur place, ni dans leur famille, ni dans la société. Plusieurs s’abriteront des regards, au domaine du Coudon, dit des Gueules Cassées, à La Valette. Des monuments aux morts ont poussé, partout. À Peille, dans les Alpes-Maritimes et à Draguignan, dans le Var, le mot « Pax» y a été gravé. Car tout le monde souhaite que cette guerre soit la Der des Ders. Mais les séquelles sont là: frontières déplacées; économies en ruine; veuves, orphelins, mutilés à prendre en charge; lourds dommages de guerre ... Le Traité de Versailles, qui devait être celui de la paix, fait naître des ressentime­nts, exploités par les extrémiste­s : les nazis en Allemagne, les fascistes en Italie, ce pays étant pourtant parmi les vainqueurs. Sourdement, la Seconde Guerre mondiale se prépare.

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