L’hommage aux poilus, un siècle après l’Armistice
À l’occasion de la commémoration, hier, du centenaire de la signature de l’Armistice en 1918, et des manifestations qui y sont liées localement, portrait du dernier poilu hyérois décédé en 1996
Gustave Orard naît à Hyères le 7 novembre 1897. Son père, originaire d’Istres, est employé au Chemin de Fer P.L.M. La famille de sa mère est dans l’horticulture vers le quartier de la gare. Jeune homme brillant, il suit ses parents à La Ciotat lorsque son père est appelé dans cette ville. Se destinant à une carrière d’instituteur, il est mobilisé en 1916. Aspirant en juillet 1917 au 163e Régiment d’Infanterie, il entraîne sa section à l’assaut des lignes ennemies le 20 juillet 1918. Ses hommes repoussent ensuite plusieurs attaques à la grenade. Au cours de l’action, il est blessé à la cuisse droite par un éclat qui lui laissera une cicatrice verticale de dix centimètres le long du fémur jusqu’à la hanche. Si cette blessure n’occasionne pas de gêne fonctionnelle, il est en revanche gazé quelque temps plus tard, assez sévèrement pour être évacué car ses capacités respiratoires en résultent déficientes. Renvoyé dans ses foyers, Gustave poursuit ses études et enseigne à Gréasque puis Fos. Dans le train vers Marseille, il fait la connaissance d’une institutrice en poste à Cadolive. Ils se marient en 1921 et auront une fille. Homme très impliqué ayant le coeur sur la main et conscient de son rôle, il s’investit auprès des jeunes gens avec dévouement. Bon bricoleur, il construit une maison pour ses parents. À la libération en 1944, membre de la Croix Rouge, il parcourt les Bouches-du-Rhône à bord d’un camion pour organiser des séances de cinéma. Il crée d’ailleurs la Croix Rouge de la Jeunesse.
Défenseur du provençal
Ses années de guerre comptant double, Gustave a la cinquantaine passée lorsque la retraite sonne. Il décide de rentrer à Hyères auprès de sa famille et s’installe à la Madrague où il construit cette fois sa propre maison. Amateur de pêche et jamais à court d’idées, il va pendant ses cinquante ans de retraite s’impliquer dans d’autres combats. Il promeut la culture et la langue provençale. Dans les années 90, à la demande générale, il fait une conférence à Giens à propos de la guerre. En 1995, apprenant qu’il ne reste plus que cinq mille anciens combattants de 14-18, le président Chirac décide de leur octroyer la Légion d’Honneur. Gustave reçoit cette nouvelle avec plaisir car à plusieurs reprises, on lui fit miroiter cette éventualité toujours restée sans suite. Le 6 février 1996 à la préfecture de Toulon, Gustave est décoré par le préfet en compagnie de quelques autres poilus Varois. Sept mois plus tard, le 23 septembre, Gustave Marius Orard s’éteint à six semaines de ses 99 ans. Il est inhumé au cimetière de Giens.
1.Edition Sutton.