Var-Matin (Grand Toulon)

Le tribunal administra­tif et son paradoxal succès

Son activité a doublé en dix ans – date de sa création à Toulon. L’institutio­n peut se targuer d’avoir rapproché les Varois de la justice administra­tive. Même si les délais en souffrent

- SONIA BONNIN sbonnin@varmatin.com

L’histoire retiendra que, en 2008, le Var gagnait la création d’un tribunal administra­tif consacré à ses propres affaires. Dont les effets se font encore sentir aujourd’hui. Dix ans plus tard, les progrès sont faciles à mesurer. Cette création à Toulon « a rapproché les Varois de la justice administra­tive », a loué Michel Lascar, président du tribunal, lors d’une audience solennelle vendredi matin. Les Varois n’ont jamais été aussi nombreux à présenter des requêtes – exactement 4 713 en 2017.

Dossiers en stock depuis deux ans

L’effet paradoxal de «ce succès » est celui de l’allongemen­t des délais d’instructio­n. « Le nombre de dossiers a bondi en 2014 et 2015, six ans après la création du tribunal. C’est un phénomène qu’on n’a jamais vraiment compris », reconnaît Michel Lascar. Un point noir est même la proportion d’affaires de plus de deux ans qui est estimée à 13 % (1). Mais il y a une bonne nouvelle : les délais tendent à raccourcir avec l’arrivée de nouveaux magistrats. Depuis septembre 2018, ils sont vingt et un, à traiter en moyenne 268 dossiers chacun. Plus vingt agents de greffe.

Particular­isme local

Le contentieu­x varois a bien des particular­ités, reflet notamment de la forte pression urbaine et de la présence d’administra­tions civiles et militaires sur le territoire. Le tribunal traite deux fois plus d’affaires d’urbanisme que des juridictio­ns comparable­s (16 % des dossiers). Idem pour les affaires liées au logement, quatre fois plus nombreuses (8 % contre 2 % en moyenne). Les requêtes concernant des fonctionna­ires ou agents publics sont presque le double qu’ailleurs (21 %). Michel Lascar relève aussi le poids des « contentieu­x lourds » : fiscalité, marchés publics, urbanisme et environnem­ent pèsent 27 % des dossiers entrants, contre 17 % en moyenne. Pour toutes ces raisons, le tribunal administra­tif de Toulon est considéré « en bon état de marche et qui fonctionne bien ». Malgré une charge de travail plus que significat­ive. L’institutio­n reste la gardienne de la légalité des actes des administra­tions. D’ailleurs, les requêtes continuent d’affluer : +30 % en 2017. 1. Devant le tribunal administra­tif de Nice, il y a plus de dix ans, les délais allaient jusqu’à trois ans d’attente.

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 ?? (Photos Luc Boutria) ?? L’audience solennelle s’est déroulée rue Racine, à Toulon, où sont jugés la plupart des dossiers varois, en audience publique. Depuis mai , Michel Lascar est à la tête de la juridictio­n varoise.
(Photos Luc Boutria) L’audience solennelle s’est déroulée rue Racine, à Toulon, où sont jugés la plupart des dossiers varois, en audience publique. Depuis mai , Michel Lascar est à la tête de la juridictio­n varoise.

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