L’école Excelsior se bat pour plus d’aide aux élèves en difficulté
Tous les enseignants des écoles Excelsior et Val des Pins étaient en grève, hier, pour solliciter une réintégration dans le réseau d’éducation prioritaire. Le collège Marcel-Rivière aussi touché
L’école maternelle Val des Pins et l’élémentaire Excelsior se sont fortement mobilisées hier, jour de grève intersyndicale dans l’enseignement. Avec 100 % des enseignants grévistes (4 professeurs des écoles au Val des Pins, 13 à Excelsior) et environ 65 % des trente professeurs du collège Marcel-Rivière, on peut parler de front uni. Le mouvement concerne la sortie de ces écoles et collège du réseau d’éducation prioritaire (REP, ex-ZEP) il y a trois ans. Paradoxalement, ce sont les bons résultats obtenus par le collège Marcel-Rivière qui ont entraîné la sortie du réseau des trois établissements. Le cas n’est pas spécifique à Hyères : à Toulon, le collège Peiresc a connu le même sort, ce qui rejaillit directement sur les conditions de travail des écoles rattachées. Car hors du réseau REP, les écoles ne bénéficient pas du dédoublement des enseignants dans les classes de CP.
Une instit : « Sans aide, ça ne suffira pas »
« À 24 élèves par classe (contre 12 pour les CP dédoublés, Ndlr) ,ilest très difficile d’introduire de l’interaction et de l’oral dans les enseignements, alors même que c’est la pédagogie prônée par le ministère de l’Éducation nationale, explique une enseignante. Comment suivre les difficultés personnelles des élèves si on ne peut pas travailler en petits groupes? En 14 ans de carrière à l’école Excelsior, je vois les difficultés scolaires augmenter ». Même son de cloche de la part des enseignants de maternelle : « La conséquence de la sortie du réseau, c’est l’absence du conseiller Rased (Réseau d’aides spécialisées aux élèves en difficulté) qui a été redéployé. On ne l’a vu qu’une seule fois l’an dernier. Mais aussi une baisse de dotation pour les sorties éducatives. Nous parvenons à conserver nos classes à 20 élèves avec l’aval de l’inspection académique pour l’instant (hors REP, possibilité de monter qu’à 28 élèves, Ndlr). Mais le nombre de primo-arrivants et d’enfants en situation de handicap est en augmentation. Sans aide extérieure, ça ne suffira pas. » Le travail sur la lecture, entrepris auprès des élèves de grande section de maternelle, est battu en brèche par des effectifs de classes trop importants au CP à Excelsior où les postes de maître surnuméraire (dispositif « plus de maîtres que d’élèves ») et d’assistant d’éducation devraient être supprimés à la rentrée de septembre 2019.
Une prof de collège : « On y perd des plumes »
Également pointé du doigt : le recul de la mixité sociale. Val des Pins et Excelsior sont les écoles du Val des Rougières, identifié quartier prioritaire au titre de la politique de la ville, mais ne bénéficiant plus des moyens d’éducation prioritaire (1). Une prof du collège Marcel-Rivière : « Des parents d’élèves demandent des dérogations pour que leur enfant change de collège. Avec la suppression d’un poste de conseiller principal d’éducation, les incivilités se multiplient. On a déjà eu deux conseils de discipline depuis la rentrée, c’est du jamais vu. Le climat scolaire se dégrade, on y perd des plumes. Le nombre d’arrêts maladie n’a peut-être pas encore progressé (le collège Marcel-Rivière n’est sorti du réseau qu’en septembre 2018, Ndlr), mais les professeurs passent plus de temps dans les bureaux administratifs ».« En classe de 3e, on est passé de 20 à 27 élèves par classe, avec l’obligation d’aller vite pour préparer le brevet des collèges », explique un prof. Les enseignants et syndicats espèrent une réaffectation du collège et des écoles au réseau REP, dans le cadre de la redéfinition nationale de la carte scolaire, qui aura lieu en 2019 (application en 2020).
1. Depuis trois ans, la ville d’Hyères « comble » la sortie du réseau avec le programme Coup de pouce Clé pour des élèves en difficulté. L’école Excelsior fait aussi partie du programme de réussite éducative.