Var-Matin (Grand Toulon)

Accompagne­r les victimes de violences sexuelles

La Varoise Sophie Moya, présidente de la plateforme varoise de Stop aux violences sexuelles, revient sur le coût humain et social du phénomène. Une formation a lieu ce week-end

- PROPOS RECUEILLIS PAR VÉRONIQUE GEORGES. vgeorges@nicematin.fr

Informer pour élever les conscience­s. C’est ainsi que Sophie Moya présente Stop aux violences sexuelles (SVS), dont elle est la présidente de l’antenne varoise. Alors que la Journée internatio­nale pour l’éliminatio­n de la violence à l’égard des femmes se déroule le 25 novembre, cette Maximinois­e évoque les actions de l’associatio­n.

Qui êtes-vous et d’où vient votre engagement dans l’associatio­n ? Je suis ostéopathe à Saint-Maximin. On est venu me chercher car dans le cadre de ses actions et notamment du parcours de soins, l’associatio­n Stop aux violences sexuelles, créée par des médecins en , organise des ateliers d’escrime pour les victimes, ateliers encadrés par une équipe de profession­nels, dont un ostéo. J’ai observé, je suis allée aux assises nationales de SVS avant de m’engager en . Les statuts de la plateforme varoise ont été déposés en . Depuis, on a déjà organisé deux formations sur les bases de la connaissan­ce de ce fléau. Elles sont gratuites et ouvertes à tous les publics (lire ci-dessous, Ndlr).

Quel en est le but ? L’objectif est d’informer, d’élever les conscience­s. Un enfant sur cinq en Europe est victime de violences sexuelles. Chez les adultes en France, c’est une femme sur quatre et un homme sur six. Le fléau est d’une ampleur colossale. Il faut le combattre.

Quelles sont les conséquenc­es ? Les dégâts sont énormes. Il y a l’impact sur tous les plans de la vie d’une personne. Outre la pathologie suicidaire et psychiatri­que, beaucoup de victimes activent leur potentiel auto-infectant d’où la fréquence de maladies auto-immunes ou des cancers en lien avec les traumatism­es subis. La violence appelle la violence. C’est un carburant, une énergie, que certaines développen­t dans le sport, le travail, pour essayer de ne pas la reproduire. Mais d’autres vont retourner cette violence contre elles, avec des prises de risques, des addictions. En l’absence de traitement, un certain nombre d’entre elles deviendron­t auteurs de violences à leur tour. Chez les femmes, ça peut être de la violence envers les enfants, de l’inceste, de l’hypernursi­ng (toilette poussée des parties intimes de l’enfant). Le coût des violences sexuelles est énorme pour la société avec des dizaines de milliers d’enfants victimes d’agressions sexuelles tous les jours, des centaines d’adultes victimes de viols. Et le coût financier est estimé à  milliards d’euros pour la Sécurité sociale,  milliards si l’on intègre les coûts sociaux. L’épidémie virale des violences sexuelles est contagieus­e, il faut l’éradiquer.

De quelle façon votre associatio­n se mobilise-t-elle ? En informant les publics en contact potentiel avec des victimes mais aussi tout un chacun pour permettre à la parole de se libérer, en mettant en place des programmes de prévention en périnatali­té et milieu scolaire, en proposant des formations aux protocoles de soins à partir d’outils spécifique­s et des ateliers thérapeuti­ques…

N’avez-vous pas l’impression que la société civile fait le travail de l’État? Nous, on fait de la prise de conscience. Quand la société civile s’implique, elle fait remonter les choses, elle permet des avancées législativ­es. Ainsi, le délai de prescripti­on pour les infraction­s sexuelles a été augmenté. C’est déjà mieux, mais nous souhaitons une imprescrip­tibilité totale.

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(Photo Hélène Dos Santos) Le coût humain et social des violences sexuelles est énorme, rappelle Sophie Moya.

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