Var-Matin (Grand Toulon)

Guet-apens de l’ouest-Var : de dix à trente ans requis

Devant la cour d’assises du Var, dans le procès pour meurtre en bande organisée, l’avocat général a demandé aux jurés de considérer qu’il y avait un auteur principal et trois complices

- G. D.

Au sixième jour du procès des quatre hommes accusés du meurtre en bande organisée de Christophe “Toche” Bourletsis, le 2 juillet 2014, les cartes ont été quelque peu redistribu­ées hier, devant la cour d’assises du Var.

Un auteur et trois complices

Ainsi, il avait été fait appel de l’ordonnance de mise en accusation du juge d’instructio­n de Draguignan. Celle-ci prévoyait que seul Alain Dinucci devait être accusé de meurtre en bande organisée, et que son père Christian, Mourad Bouzidi et Ahmed Cheref devaient répondre de complicité. La chambre de l’instructio­n avait décidé quant à elle que l’accusation de meurtre en coaction devait reposer sur les épaules d’Alain Dinucci, mais aussi de Mourad Bouzidi et Ahmed Cheref, la complicité n’étant à reprocher qu’à Christian Dinucci. Après le réquisitoi­re de l’avocat général, on en est revenu hier aux qualificat­ions criminelle­s initiales.

Pas de corps, mais des récits

À la reprise de l’audience, les avocats des proches de Christophe Bourletsis (Mes Adrien Milani, Alexandra Granier, Coline Martin et Bernadette Ramos) ont clairement signifié que «la restitutio­n du corps » ne leur suffirait pas. Le fait que le corps du disparu n’ait jamais été retrouvé privait l’avocat général, Christophe Raffin, d’éléments matériels pour caractéris­er l’intention de tuer. « Mais on a les éléments donnés par ceux qui ont assisté aux faits, dans ce dossier de la haine, de la peur et de la chasse à l’homme. » En l’occurrence, il s’agissait des éléments fournis par Mourad Bouzidi en garde à vue. Un déroulemen­t qui avait été confirmé par Lacene “Las” Boudaoud, d’après les confidence­s que lui avait faites Alain Dinucci.

« Sa lâcheté, sa peur»

M. Raffin a désigné trois complices : « Bouzidi dans le rôle de Judas, qui a servi d’appât, Cheref qui n’a pas empêché le passage à tabac à mort, et Christian Dinucci qui a accepté que la réunion préparatoi­re se passe dans son restaurant et qui a menacé. » Contre Alain Dinucci, il a requis trente ans de réclusion. Contre Mourad Bouzidi dix-sept à dix-huit ans. Contre Christian Dinucci dix à treize ans. Et contre Ahmed Cheref dix ans d’emprisonne­ment. Pour la défense de ce dernier, Me Julien Pinelli a plaidé l’acquitteme­nt en droit. « Vous ne pouvez le condamner que si vous estimez qu’il a tué “Toche” ou qu’il avait conscience que le but était de lui donner la mort. Car pour être complice de meurtre, il faut avoir envie que la personne meure. » Un argument repris par Me Thierry Ospital pour la défense de Mourad Bouzidi. « On peut tout lui reprocher, sa lâcheté, sa peur. La contrainte lui a été imposée, mais on ne peut lui reprocher d’avoir été volontaire­ment complice. » La cour entendra aujourd’hui Mes Alain Baduel et Lionel Ferlaud pour la défense de Christian Dinucci, puis Mes Fabien Perez et Eric Scalabrin pour celle d’Alain Dinucci.

 ?? (Croquis d’audience Rémi Kerfridin) ?? L’acquitteme­nt a été plaidé pour Mourad Bouzidi (à gauche) et Ahmed Cheref (à droite).
(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) L’acquitteme­nt a été plaidé pour Mourad Bouzidi (à gauche) et Ahmed Cheref (à droite).

Newspapers in French

Newspapers from France