Des remblais donnés pour du débroussaillement
Un propriétaire de La Crau naturelle. Ce premier volet a tenté de justifier des remblais, minimes selon lui, réalisés en zone d’un plus vaste dossier s’est soldé par une amende de 20000
J’ai profité des travaux pour faire amener quelques camions de terre. » Et encore : « Je dois faire le débroussaillement de cette zone ! Mon fléau, quand je passe le broyeur, ce sont les pierres. » Beaucoup de choses ont été dites ce mardi matin en audience correctionnelle à Toulon, pour justifier des exhaussements considérés litigieux sur la commune de La Crau. Terre et pierres en tas, dont on a du mal à comprendre l’origine, versées en lisière de forêt. Le propriétaire du terrain explique avoir simplement « égalisé des roches qui affleuraient ».« Sur trois mètres de hauteur ? », tique le ministère public. «C’est un terrain en pente.» Glissante. Le tribunal n’a pas été convaincu et a condamné le prévenu de 66 ans : 20 000 euros d’amende, avec ordre de remettre le site en état dans un délai de huit mois, puis sous astreinte de 100 euros par jour de retard.
« Pas amianté »
Ce dossier est le premier volet d’une affaire plus vaste qui concerne la possible présence d’amiante en contrebas, sur un terrain promis à un lotissement. Les onze parcelles à lotir sont actuellement gelées. D’amiante, il n’y a point à l’audience du jour. Enfin, presque. « Ce n’était pas amianté, affirme le prévenu, car ça [la terre] venait de Solliès. La partie où cela aurait pu être amianté, c’est la partie basse. En haut, il n’y a rien ». Le propriétaire est catégorique, lui qui déclare avoir jadis prêté le bas du terrain, «à la mairie et au canal de Provence pour y entreposer des déchets du BTP et de l’amiante ». Mais « tout a été enlevé » depuis. L’audience du jour se concentre sur un terrain en zone naturelle et en partie espace boisé classé. Les exhaussements couvrent 680 m², sur une hauteur de 35 cm à 3 m. « On a des déchets du BTP, de la taule, des détritus, énumère le président du tribunal, ce n’est pas lié à des opérations de débroussaillage ». Selon la DDTM, « aucune autorisation ne peut être accordée» pour ces travaux.
Fléau des décharges
La mairie de La Crau évoque « la gravité d’un dossier », replacé dans le contexte « du fléau que subissent les communes varoises que sont les décharges sauvages ». Deux riverains insistent par la voix de leur avocat sur leur inquiétude légitime, en matière « de pollution et de ruissellement des eaux ». L’association de défense de l’environnement UDVN83 fait son estimation : « Ce dépôt avoisine les 480 tonnes ». Le parquet déplore « une action en toute impunité» et les tentatives de « minimiser les faits ».« On se réfugie derrière la notion de débroussaillement et on dit ne pas vouloir abîmer ses outils ! », s’agace la procureure. Venu sans avocat, le propriétaire s’est retrouvé esseulé pour se défendre. Il devra verser un euro aux parties civiles et payer des frais de justice. Un appel semble possible. Deux dossiers ont été consacrés à ce sujet dans nos colonnes, le 20 octobre 2016 et le 25 mai 2018.