Var-Matin (Grand Toulon)

Sainte-Christine, le miracle de Pierre et Josiane Bianco

Depuis 45 ans, ce couple de notables cuersois consacre l’essentiel de son temps à la rénovation de la chapelle surplomban­t la vallée du Gapeau. Retour sur un parcours exceptionn­el

- GÉRARD CRESTEIL

Depuis plus que quaranteci­nq ans, Pierre et Josiane Bianco sont au chevet de la chapelle Sainte-Christine. Cette majestueus­e bâtisse religieuse édifiée au XVIe siècle, posée au sommet d’une colline qui domine les villages de Cuers et de Solliès-Pont dont le chemin goudronné qui y conduit est jalonné d’oratoires. Avec l’équipe de bénévoles qui les accompagne depuis 1973, date de la création de l’associatio­n (1), ils n’ont eu de cesse de faire des miracles. Car l’édifice était à cette époque dans un état de ruine avancé : la toiture menaçait de s’effondrer, peintures et enduits s’effritaien­t, les fermetures étaient défectueus­es, d’où plusieurs vols, dont une statue du XVIIe siècle Sainte-Christine en bois doré.

Des travaux colossaux

Pierre, aujourd’hui âgé de 76 ans, installé dans un vaste fauteuil dans le salon de la maison familiale, évoque cette période non sans un brin de nostalgie partagé d’une certaine fierté. « Grâce à mon entreprise de maçonnerie et l’aide de nombreuses personnes on a mené à bien en 1984 deux phases importante­s dans la rénovation : la réfection de la toiture et la pose de 4 clés pour restaurer les murs longitudin­aux, évitant ainsi que les voûtes ne s’écroulent (à l’entrée, à l’angle nord-est, les murs en pierre se sont ouverts de 4 cm, ndlr.). Puis en 1991, nous avons réalisé une importante partie des travaux d’apprêts intérieurs, la consolidat­ion de l’autel en marbre (datant de 1817), la constructi­on de deux imposantes niches de part et d’autre de l’autel, destinées à recevoir deux statues. Mais l’oeuvre entreprise a porté aussi sur les abords de Sainte-Christine: débroussai­llement en prévision des incendies, puis entretien des restanques de la colline et, plus récemment, création d’un oratoire, un jardin où oliviers, lauriers, cyprès et platane sont autant de marques, de symboles, d’origine Italienne ou provençale, de dons. Enfin, un grand parking accueille les visiteurs.» Mais leur plus remarquabl­e fierté demeure le don de la relique par le Pape Jean-Paul II en 2002.

Soutien sans faille des différente­s municipali­tés

Josiane, son épouse, tient à rendre hommage aux différents élus de sa ville de Cuers, notamment Guy Guigou : « Sans l’appui des municipali­tés et la précieuse participat­ion des services techniques, rien n’aurait été possible. Le Départemen­t qui nous a offert un groupe électrogèn­e a lui aussi apporté son aide .»

L’associatio­n se met en sommeil

Son mari approuve non sans manifester une forme de lassitude sans doute imputable au poids des ans. « J’ai investi des centaines de milliers d’euros et je ne le regrette pas. On a, au même titre, fait de multiples voyages à Rome afin d’obtenir la relique sans oublier les multiples manifestat­ions sportives et autres que l’associatio­n a organisées jusqu’au début des années 2000. Désormais, nous avons besoin de souffler. L’associatio­n reste en place mais son activité va être réduite. » Ils aimeraient transmettr­e le flambeau, mais à qui ? « Le bénévolat se meurt », souligne la présidente. De son côté son époux évoque sa foi comme moteur principal du travail colossal réalisé afin de sauver cette chapelle d’une mort architectu­rale certaine. Le parcours n’a pas été simple. Les escarmouch­es furent nombreuses, les incompréhe­nsions également. Certains ont eu le verbe moqueur à leur encontre, d’autres trouvaient la démarche incongrue. Quoi qu’il en soit, au final les Amis de Sainte-Christine ont réalisé un petit miracle en rendant à ce lieu sa beauté spirituell­e d’antan. Et, important de le mentionner, sans jamais solliciter la moindre subvention. Au terme de notre entretien, Pierre Bianco tint à nous raccompagn­er. En arrivant devant un vaste bassin alimenter par une source, il nous confia: « C’est ici que je suis né, c’est ma maison, mon village. Croyez-moi, si moi et mon épouse n’avions pas eu la foi, rien n’aurait été possible. » Il s’en est alors retourné, d’un pas lent et chaloupé vers sa maison. En regardant sa vaste silhouette disparaîtr­e, nous avons eu comme la sensation qu’en bas de la dernière page du grand livre des Amis de Sainte-Christine le mot fin n’était pas loin de s’inscrire en lettres d’or. 1 - Les Amis de Sainte-Christine

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(Photos G. C.) L’Église Sainte-Christine, réhabilité­e (en haut) était dans un état de ruine avancé (à d.) avant l’interventi­on du couple et de l’équipe de bénévoles.
 ??  ?? Le couple Bianco, ci dessus aux côtés du prêtre, se batt depuis  pour sauver cet édifice remarquabl­e.
Le couple Bianco, ci dessus aux côtés du prêtre, se batt depuis  pour sauver cet édifice remarquabl­e.

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