« Les distorsions de concurrence détruisent la production française »
Producteur de fruits à Villeneuve-sur-Lot, Emmanuel Aze est le responsable national de la commission fruits et légumes à la Confédération paysanne.
Quel est le constat au niveau national ? La logique de compétition organisée par les traités européens nous conduit à une catastrophe. La liberté de circulation des marchandises, la liberté des prix et l’interdiction aux États membres et au Parlement européen de s’harmoniser sur le plan social ont des conséquences catastrophiques. Les distorsions de concurrence détruisent, ni plus ni moins, la production française de fruits et légumes. La France, autosuffisante en , ne l’est plus qu’à % et ça s’effondre à toute vitesse. Ajoutez sur le plan environnemental que la demande des citoyens et d’une partie des paysans de sortir des pesticides n’est pas possible, car dans un système qui organise la guerre économique entre producteurs, ces produits permettent de réduire les coûts. Pourtant, ils ruinent la collectivité qui paye la main-d’oeuvre au chômage, la dépollution des eaux et des sols, le coût des maladies neurologiques et cancers qu’ils induisent. Que préconisez-vous ? Un outil peut neutraliser cela : C’est le prix minimum d’entrée sur le marché français, applicable à tous les fruits et légumes importés.
Comment le calculer et le mettre en oeuvre ? Il faut le fixer à la hauteur du coût de production dans les conditions sociales, salariales et réglementaires françaises.
Pouvez-vous illustrer cela par un exemple ? Le coût moyen de production des pêches et nectarines françaises est d’, €/kilo. Or, elles arrivent d’Espagne entre et centimes/kg. Il s’agirait de ne plus permettre de venir sur le marché français de pêches et nectarines en dessous d’, €/kg.
Cette revendication peut-elle aboutir ? On la porte auprès de l’État, mais avec un gouvernement libéral, on ne se fait pas d’illusion. On a aussi pris langue avec nos collègues européens qui partagent cette vision. Comme il s’agit de déroger au contenu des traités, seul un rapport de force avec les institutions européennes permettra d’avancer. Ce point est déterminant pour toutes les autres problématiques rencontrées par les producteurs de fruits et légumes.