Var-Matin (Grand Toulon)

LES GILETS JEUNES À L’ÉCOLE DES GILETS JAUNES

Les lycéens de la métropole ont manifesté, hier, leur courroux et leur solidarité avec les gilets jaunes. Récit d’une journée particuliè­rement agitée à La Seyne

- MA.D. mdalaine@nicematin.fr

Hier matin, les lycéens de la métropole toulonnais­e ont emboîté le pas du mouvement des Gilets jaunes. Plusieurs manifestat­ions se sont déclarées de Toulon à Hyères, mais c’est à la Seyne-sur-Mer que la journée a été la plus agitée avec quelques débordemen­ts.

Il a parfois flotté des airs de climat insurrecti­onnel, hier, à La Seyne. Plusieurs manifestat­ions, souvent tendues, voire contenues dans une certaine violence, ont jalonné la journée dans la deuxième ville du Var. Au lycée Paul-Langevin, personne n’était vraiment capable de dire pourquoi ni comment la situation avait dégénéré. Une chose est sûre, les affronteme­nts entre jeunes aux revendicat­ions confuses et forces de l’ordre particuliè­rement déterminée­s ont conduit l’établissem­ent à finalement fermer ses portes avant même la mi-journée. Certes, en cette fin de semaine, les messages échangés sur les réseaux sociaux ne laissaient guère de place au doute quant à l’organisati­on d’un blocage. Nombre de lycéens étaient tombés d’accord pour empêcher la tenue des cours, au motif d’une lutte naissante « contre la réforme des lycées» et d’un « soutien au mouvement des Gilets jaunes ». Mais à l’ambiance bon enfant et aux caddies placés devant les grilles dès 8 heures, sont venus s’ajouter des palettes et autres ustensiles de chantier que des jeunes, parfois extérieurs à Langevin, ont alors entrepris de brûler. La fameuse «étincelle »… Les pompiers empêchés dans leur interventi­on par quelques adolescent­s hostiles, une première voiture de police est arrivée en renfort. Elle n’a pas échappé aux jets de pierre. Les forces de l’ordre se sont ensuite mises à charger brutalemen­t, à grands coups de fumigènes et balles en caoutchouc, pour disperser la foule des lycéens, dont certains, encapuchon­nés, répliquaie­nt avec des projectile­s ! « Une manifestat­ion potache avec, comme toujours, des éléments incontrôla­bles », résumait, extrêmemen­t dépité, Pierre Ribot, proviseur du lycée. Bilan de la matinée : des interpella­tions et pas mal de dégradatio­ns. Les services de sécurité de la galerie Auchan, toute proche, ont aussi connu quelques frayeurs quand certains ont voulu pénétrer à l’intérieur du supermarch­é. En vain.

Tentative de prise d’assaut de la mairie

Au même moment, des événements à peu près similaires avaient lieu devant le lycée Beaussier, non loin du centre-ville. À la grève, aux slogans anti-Macron et aux feux de palettes s’est ajoutée une expédition vindicativ­e des lycéens vers l’hôtel de ville et le port. La police est alors intervenue sans ménagement pour limiter les dégâts et empêcher toute intrusion dans la mairie, dont le portail métallique a été endommagé. Les fauteurs de trouble se sont finalement dispersés. Et la pluie battante a, semble-t-il, calmé définitive­ment leurs ardeurs, puisqu’un temps annoncés du côté de Brégaillon, rares ont été les adolescent­s à y avoir été aperçus. Brégaillon justement : c’est l’autre zone de tensions de ces dernières heures. Depuis jeudi, une cinquantai­ne de Gilets jaunes ont pris position sur le rond-point d’accès au port de commerce. Délogés une première fois par les forces de l’ordre jeudi soir, lors d’une interventi­on très musclée, ils ont repris possession des lieux dans la foulée, occupant le secteur toute la nuit de jeudi à vendredi. Et hier, aucun camion de marchandis­es, de ceux qui embarquent habituelle­ment sur les navires à destinatio­n de la Turquie, n’avait pu accéder au terminal de fret. C’est d’ailleurs une longue file de poids lourds, garés sur la D559, qui ralentissa­it de fait la circulatio­n automobile. En revanche, nul barrage filtrant pour les voitures. Noyés sous des trombes d’eau mais largement soutenus par un concert de klaxons, voire du ravitaille­ment, les manifestan­ts gardaient leur bonne humeur, s’attendant toutefois à être « délogés d’une minute à l’autre ». À l’heure où nous écrivons ces lignes, ce n’était toujours pas le cas.

 ??  ??
 ?? (Photo DR) ?? Devant le lycée Paul-Langevin, hier matin à La Seyne, le blocage de l’établissem­ent, prévu dans le calme « contre la réforme des lycées » et en soutien au mouvement des Gilets jaunes, a vite dégénéré et l’interventi­on de la police a été musclée.
(Photo DR) Devant le lycée Paul-Langevin, hier matin à La Seyne, le blocage de l’établissem­ent, prévu dans le calme « contre la réforme des lycées » et en soutien au mouvement des Gilets jaunes, a vite dégénéré et l’interventi­on de la police a été musclée.
 ?? (Photo Luc Boutria) ?? L’accès au port de commerce de Brégaillon, bloqué depuis jeudi soir.
(Photo Luc Boutria) L’accès au port de commerce de Brégaillon, bloqué depuis jeudi soir.
 ?? (Photo Luc Boutria) ?? Les jeunes de Beaussier tentent de forcer l’accès à la mairie. Sans succès.
(Photo Luc Boutria) Les jeunes de Beaussier tentent de forcer l’accès à la mairie. Sans succès.
 ?? (Photo Ma. D.) ?? La police décide de disperser les lycéens de Langevin à coups de grenades lacrymogèn­es.
(Photo Ma. D.) La police décide de disperser les lycéens de Langevin à coups de grenades lacrymogèn­es.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France