Var-Matin (Grand Toulon)

Du marketing à l’agricultur­e il n’y a qu’une ruche

Neuf mois après avoir obtenu son statut d’exploitant­e agricole, Laura Chuine, apicultric­e, a reçu, le 8 novembre, le trophée de la création d’entreprise. Gage de son implicatio­n et de sa prise de risque

- HARRY HOZÉ

Ah non, désolée madame, en ce moment nous n’avons pas de miel de romarin. Ce n’est pas la saison. » Sur le marché d’Hyères, Laura Chuine est à l’aise derrière son stand. Elle est dans son élément. Il faut dire que, depuis trois ans qu’elle exerce à temps plein dans le domaine de l’apiculture, la jeune femme de 30 ans a eu le temps de se former et de parfaire ses connaissan­ces sur le monde des abeilles et du miel. Pourtant, rien ne la prédestina­it à travailler, un jour, dans le domaine de l’agricultur­e. Titulaire d’un master en marketing et communicat­ion, la Toulousain­e avait trouvé, à Arles, un emploi en lien direct avec sa passion : la photograph­ie. Au Festival Voies Off, elle s’occupait de la gestion et de l’administra­tion de l’événement. Mais, par amour, elle a décidé de faire ses valises. Du Vaucluse, elle est partie s’installer dans le Var, à Bormes-les-Mimosas, où elle a rejoint son compagnon, Rémi Boulet, apiculteur de père en fils et gérant de La Butinerie.

Un double défi

Après trois ans à apprendre et se perfection­ner à ses côtés, Laura lance définitive­ment sa reconversi­on profession­nelle. Auprès du centre de formalités des entreprise­s, elle demande et obtient, en février 2018, le titre d’exploitant­e agricole. L’objectif : « Se détacher du simple statut de conjointe collaborat­rice ». Neuf mois plus tard, le 8 novembre, elle reçoit, de la part de plusieurs institutio­ns (1), le trophée de la création d’entreprise. Une belle distinctio­n pour cette trentenair­e qui, quelques années auparavant, n’avait aucune connaissan­ce dans ce domaine et qui, au cours de l’été 2017, avait perdu, avec son compagnon, 80 ruches, dans les incendies qui ont frappé le secteur. « Se lancer dans cette aventure, c’était un double défi, précise-t-elle. D’abord car je voulais me lancer dans une activité viable. Et puis, parce que je voulais exercer un métier qui a du sens, en participan­t à la protection des abeilles, une espèce en voie de disparitio­n. » C’est chose faite, puisqu’elle gère, à ce jour, 200 ruches à elle seule.

Retour aux sources

En parallèle de son activité d’apicultric­e, Laura Chuine gère entièremen­t l’aspect communicat­ion de La Butinerie. «Jem’occupe d’alimenter et de valoriser notre site Internet et nos réseaux sociaux. Je prends des photos, des vidéos, et les publie sur nos plateforme­s. C’est important que nos clients visualisen­t ou s’imaginent les abeilles en train de butiner », poursuit la jeune femme, tout sourire.

« Tout ce qu’elle fait, je ne pense pas que j’aurais le temps ni les capacités pour le faire, admet son compagnon, Rémi Boulet. Au moins, ensemble, on gère tout de A à Z, de l’élevage à la vente en passant par la mise en pot. »

1. Pôle Emploi, l’Union patronale du

Var, la Chambre de commerce et d’industrie et la Chambre des métiers et de l’artisanat du Var.

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(Photo Patrick Blanchard) Tout au long de l’année, Laura Chuine gère le suivi de  ruches. Son compagnon, Rémi Boulet, en a .

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