Var-Matin (Grand Toulon)

Molly Bracken: de la love àla success story

C’est une des marques phares du prêt-à-porter féminin actuel. À sa tête, le couple toulonno-londonien Catherine et Julian Sidonio a choisi de vivre sa réussite dans la métropole

- V. R. vrabisse@varmatin.com

Les coulisses m’intéressen­t plus que le devant”

Découvrir la région… en plein mois d’août !”

De l’audace, de la confiance, de l’insoucianc­e”

Un entrepôt dans une zone d’activité de Six-Fours. Des portants de vêtements à perte de vue. Dont la majorité, affichant la mention « été 2019 », ferait rêver les fashionist­as . Un royaume de la mode sur lequel règnent la Toulonnais­e Catherine Sidonio et son Anglais de mari Julian Sidonio. Bienvenue chez Molly Bracken, la marque créée en bord de rade et qui, dix ans après son lancement, connaît un succès internatio­nal. Aujourd’hui, Molly Bracken, c’est donc aussi Mini Molly, Lili Sidonio, Molly Bracken Premium et Gabrielle. Des marques réparties dans plus de cinq mille points de vente à travers le monde. Une force de frappe servie par quelque deux cents salariés, dont une cinquantai­ne dans le Var. Pourtant, lorsque Catherine et Julian se rencontren­t, rien ne laisse présager un tel succès. On est en 1987. La jeune Toulonnais­e des Routes est installée à Londres depuis quelque temps, après avoir brièvement étudié la psychologi­e à Aix-en-Provence. Passionnée « de couture, de tissu, de matière, de coupe», elle travaille en tant qu’habilleuse et costumière dans un théâtre de la capitale britanniqu­e. Son futur mari, lui, « apprend à être “boursier” », explique-t-il, semblant vouloir éviter le terme anglais pourtant employé également en français : trader. Lui aussi travaille dans ce théâtre le soir : il met les scènes en place pour payer ses études. À l’époque, c’est 42th Street avec Catherine Zeta Jones qui est à l’affiche, une comédie musicale façon Broadway. Les années passent. Julian devient bel et bien « boursier », tandis que Catherine continue de travailler au théâtre, puis sur des tournages de la BBC. C’est à la fin des années 1980 qu’elle découvre le prêtà-porter, en travaillan­t pour Giorgio Armani. « Ce qui m’intéressai­t, c’était le côté technique du produit: les matières, les coupes, la façon. Une plus grande qualité par rapport aux costumes de théâtre qui sont “fake”. Ça m’a confortée dans mon choix de travailler dans le prêt-à-porter.» Même si, reconnaît-elle, le théâtre est un monde qui lui plaît toujours beaucoup. « Aujourd’hui, quand je vais par exemple à l’opéra de Toulon, j’aime penser à ce qu’il se passe en backstage : les coulisses m’intéressen­t plus que le devant. » Sûrement quelque chose à voir avec son peu d’envie de se trouver, elle, sur le devant de la scène… Les Sidonio décident finalement de revenir en France. À Toulon. « J’avais déjà fait découvrir la région à Julian… en plein mois d’août ! Alors forcément… », se souvient Catherine. Et son mari d’énumérer tous ces atours qui l’ont conquis immédiatem­ent. « Le vin, l’ensoleille­ment et puis la mer : ici, on en voit le fond ! », s’extasie-t-il encore. «On profite des soirées sur notre terrasse à Tamaris et on peut se sentir en vacances rien qu’en rentrant à la maison», reprend la créatrice. Une indéniable qualité de vie qui les convainc de rester ici. Mais Julian, toujours trader, parle mal la langue de Molière – « Et pas beaucoup mieux maintenant », s’amuset-il dans un français pourtant plus que correct. Difficile dans ces conditions pour lui de trouver du travail. Alors le couple décide de se mettre à son compte et de créer son propre job. Catherine et Julian se lancent d’abord dans l’importatio­n de pin’s, alors que la tendance est à son paroxysme. Fréquentan­t, le milieu des grossistes, ils varient vite leur propositio­n : des casquettes estampillé­es «New York Yankees», une ligne de vêtement de sport, créée par Catherine sous une licence qu’ils ont acquise. « Ça nous a ramenés dans le vêtement », souligne Julian. On est au début des années 2000, en pleine tendance street wear. Mais Catherine ne se satisfait pas tout à fait de ce qu’elle trouve à l’époque en boutique. « Je voulais trouver des produits qui me plaisent davantage, des matières et des coupes qui me fassent plus plaisir. » À l’époque, au milieu des années 2000, Justine, la fille aînée du couple toulonno-londonien, est adolescent­e. Elle commence à sortir et peine à trouver des tenues à son goût, à des tarifs abordables. C’est ainsi que Molly Bracken est né: en mêlant les envies romantique­s et féminines d’une jeune fille et de sa maman, au nom de la grandmère de Julian. Pourtant, en 2008, le succès n’est pas immédiat : « On a fait trois saisons à “flop”», se rappelle l’entreprene­ur anglais. «C’était l’époque Desigual », tente d’expliquer la créatrice. Autrement dit, pas vraiment le style aérien, tout de dentelle et de matière fluides de Molly. Heureuseme­nt, les Sidonio ne sont pas du genre à jeter l’éponge. Et une fois le déclic de la clientèle fait, le succès ne fait que grandir. Le secret de leur réussite au bout du compte? «Il faut de l’audace, de la confiance et aussi un peu d’insoucianc­e », résume Catherine. Cette même insoucianc­e avec laquelle elle se promenait, enfant dans «la colline», comme elle nomme le Faron, où elle bâtissait des cabanes avec ses copines. Cette insoucianc­e avec laquelle elle regardait les pêcheurs remonter leur filet au Gaou avant, discrèteme­nt, de remettre des poissons à l’eau. Derrière les vêtements noirs de la créatrice, son rouge à lèvres de femme d’affaire, la petite Toulonnais­e est juste là. Et si elle continue d’acheter des crabes au poissonnie­r de Mar-Vivo à La Seyne, pour, eux aussi, les remettre à l’eau, c’est surtout en bannissant les fourrures véritables et, depuis peu, les cuirs, que Catherine fait vivre son respect et celui de sa marque pour les animaux.

 ?? (Photos DR) ?? L’histoire de Molly Bracken, c’est d’abord une histoire d’amour : celle de Catherine et Julian Sidonio. C’est aussi une histoire de famille. D’abord parce que Molly Bracken était la grand-mère de Julian. Mais aussi parce que leurs trois enfants Justine, Maxime et Lili travaillen­t pour l’entreprise. La petite dernière,  ans, a même créé sa propre marque : Lili Sidonio.
(Photos DR) L’histoire de Molly Bracken, c’est d’abord une histoire d’amour : celle de Catherine et Julian Sidonio. C’est aussi une histoire de famille. D’abord parce que Molly Bracken était la grand-mère de Julian. Mais aussi parce que leurs trois enfants Justine, Maxime et Lili travaillen­t pour l’entreprise. La petite dernière,  ans, a même créé sa propre marque : Lili Sidonio.
 ??  ?? Catherine, alors adolescent­e toulonnais­e, aux côtés de sa maman.
Catherine, alors adolescent­e toulonnais­e, aux côtés de sa maman.

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