Une humilité nouvelle?
Qu’attendre de cette lettre aux Français qu’Emmanuel Macron, initiative inédite, hors période électorale, de la part d’un Président de la République en exercice, vient de leur adresser ? Ecrite en des termes simples et directs, au moment où l’on fait le reproche aux hommes politiques, et à lui en particulier, de s’exprimer en un langage difficilement compréhensible pour tout un chacun, elle n’en est pas moins dictée, sinon imposée, par la pression de ces «gilets jaunes» qui ont surgi brutalement dans l’actualité, prenant de court l’Elysée et le monde politique tout entier. Le débat que propose le Président, qui fait montre, pour le coup,
d’une humilité nouvelle, devrait se tenir partout en France, dans les mairies ou les quartiers, auprès des élus locaux ou des responsables administratifs, sans d’ailleurs que l’on sache bien comment et par qui ces concertations différentes remonteront au sommet de l’Etat. Deux questions graves à la lecture du document présidentiel dont on voit bien qu’il apparaît, en essayant de donner la parole à ceux qui s’expriment dans les rues depuis plusieurs semaines, comme une sorte de soupape à leur colère. La première est celle de la participation. Il n’est pas dit que
tous ceux, qui, sur les rondspoints, dénoncent la pression fiscale de l’Etat, trouveront utile de s’engager dans un tel débat. Pas dit non plus que, sur un nouveau pacte social à construire, beaucoup auront des solutions toutes faites à proposer. C’est que l’art de la contestation est plus aisé que celui
de la proposition. Les sondages montrent qu’une majorité des Français entendent participer aux concertations, mais d’ores et déjà, % d’entre eux ont dit qu’ils les bouderaient. La seconde question est liée à la première. Une grande partie des «gilets jaunes» ne le cache pas depuis le début de la mobilisation : ce qu’ils souhaitent,
derrière leurs revendications sur le pouvoir d’achat ou la surabondance des taxes, c’est purement et simplement la démission d’Emmanuel Macron. Le référendum d’initiative citoyenne qu’ils proposent n’a de sens, à leurs yeux que s’il est révocatoire, c’est-à-dire s’il permet de se débarrasser facilement de leurs élus, et notamment de leur Président. Et cela, dans une démocratie, même si elle nécessite une participation civique plus active, est davantage générateur d’une insondable pagaille que d’une gouvernance efficace.
«Ce qu’ils souhaitent, derrière leurs revendications..., c’est purement et simplement la démission d’Emmanuel Macron.»