“Gilets jaunes”: le cri d’alarme de Reporter sans frontières
Jean-Luc Mélenchon (chef de file La France insoumise) Le grand débat ? Une grande diversion. On refait le débat de la présidentielle mais le gouvernement fixe les conclusions. Rappel : après le « Débat » DOM-TOM et celui sur l’Europe, aucun résultat. La France de Macron est-elle vouée aux bavardages ?
Eric Ciotti (président de la commission nationale d’investiture Les Républicains) Comme toujours avec Emmanuel Macron beaucoup de suspens pour pas grand-chose. Une lettre creuse qui n’apporte aucune solution concrète à la colère populaire. Les Français ne veulent pas des questions mais des solutions.
Benjamin Cauchy (une des figures des « gilets jaunes ») La lettre pour un débat dont l’issue est déjà connue. Circulez y a rien à voir nous dit Emmanuel Macron. Quel manque de respect
Fabien Roussel (secrétaire national du PCF) Les mots « pouvoir d’achat », « ISF » « évasion fiscale » « justice fiscale » sont les grands absents du Grand Débat National. Comptez sur les communistes pour faire des propositions concrètes sur tous ces sujets dans tous les débats, et jusqu’à l’Elysee !
Stanislas Guerini (délégué général de La République en marche) Le cadre du Grand Débat National est posé. La République en marche y prendra toute sa part et remettra sa contribution au Gouvernement. Saisissons-nous de cette occasion unique pour faire Nation. Ensemble, construisons la France de demain.
Benoît Hamon (chef de file Génération-s) La lettre d’Emmanuel Macron est explicite. On ne bougera pas la
répartition des richesses et il faut continuer à réduire la dépense publique. En matière de démocratie, tous les sujets sont ouverts à la discussion sauf le rôle du Président de la République. Faible et prévisible.
Le président des Républicains, Laurent Wauquiez, a écrit sa propre lettre aux Français intitulée « Lettre à mes compatriotes pour retrouver le calme » qu’il a publié hier sur son compte Facebook, quelques heures avant la lettre du président de la République.
Le secrétaire général de l’ONG Reporters sans frontières, Christophe Deloire, a lancé, hier, « un cri d’alarme » après les menaces et agressions contre plusieurs journalistes lors de manifestations samedi de « gilets jaunes ».
«Uncap a été franchi »
«Incontestablement, hier (samedi), un cap a été franchi », s’est inquiété Christophe Deloire sur le plateau de BFMTV. «Onestdevant une situation qui est très grave, qui menace d’empirer », at-il ajouté. « Il faut lancer un cri d’alarme aujourd’hui », a poursuivi le secrétaire général de RSF, demandant aux responsables politiques « qu’ils disent qu’ils réprouvent, qu’ils condamnent » ces actes, et que « ceux qui ont la parole au nom des gilets jaunes (...) s’en désolidarisent ». Tout en rendant hommage aux « gilets jaunes » « qui essayent de protéger » les journalistes pris à partie et en reconnaissant le droit de critiquer la ligne éditoriale d’un média, il a pointé du doigt d’autres manifestants qui « sont dans un chantage anti-démocratique inacceptable qui (...) consiste à dire “si vous ne couvrez pas les événements exactement comme on l’entend (...) alors on est en droit de vous molester, de vous tabassez et disons-le, de vous lyncher” ».
Nez fracturé, menaces de viol...
Samedi, plusieurs journalistes ont été pris à partie ou agressés lors de la couverture de manifestations de « gilets jaunes ». A Rouen, un agent de sécurité qui accompagnait une équipe de LCI a été roué de coups alors qu’il était à terre et a eu le nez fracturé. A Toulon, deux journalistes vidéo de l’AFP ont été menacés alors qu’ils filmaient des échauffourées, avant de trouver refuge dans un restaurant. A Marseille, une journaliste vidéo de France 3 et deux photographes ont été insultés et empêchés de travailler. A Toulouse, une journaliste de La dépêche du Midi, insultée et menacée de viol par des « gilets jaunes » encagoulés, a porté plainte dimanche. Son recours vise des « dégradations volontaires », ses agresseurs ayant endommagé la voiture dans laquelle elle se trouvait, siglée au nom de son journal. A Pau, un journaliste pigiste a reçu un coup de pied à la jambe. Il a indiqué dimanche qu’il allait lui aussi se tourner vers la justice et faire constater sa blessure auprès d’un médecin. « Aucune colère, aucune revendication ne peuvent justifier qu’un journaliste soit blessé ou agressé parce qu’il fait son travail » ,adénoncé dimanche la société des journalistes de TF1 en exprimant son soutien à l’équipe de LCI et «à l’ensemble des rédactions concernées ». « Les reporters ne doivent pas être les défouloirs de manifestants irresponsables et haineux. La critique est nécessaire mais la violence est inexcusable », ajoute la SDJ dans ce communiqué.