Var-Matin (Grand Toulon)

Mart et Scot se regardent en chiens de faïence

À chacune de ses assemblées générales, le Mouvement pour la rade de Toulon (Mart) porte son regard sur un sujet crucial pour le territoire. Mardi soir, le Schéma de cohérence territoria­le (Scot) a été décortiqué

- VIRGINIE RABISSE vrabisse@varmatin.com

Des pages et des pages de diagnostic du secteur Provence - Méditerran­ée, d’orientatio­ns et d’objectifs, de cartograph­ie. Le tout pour faire le territoire de demain, en mettant en cohérence les différente­s politiques d’aménagemen­t et en contribuan­t au développem­ent durable et à la transition écologique. C’est ça le Schéma de cohérence territoria­le. Le Scot pour les intimes. Et justement, à force de décortique­r sa version révisée et arrêtée fin 2018, certaines associatio­ns en deviennent très proches. Mardi soir, salle Bortolaso à Toulon, dans le cadre de l’assemblée générale de la fédération Mart (Mouvement pour la rade de Toulon), c’est un « regard associatif » qu’ont présenté Anne-Marie Reboul, présidente de Toulon @venir, et Annelise Muller, de France nature environnem­ent Paca. Deux associatio­ns parmi les quarante-deux que regroupe Mart.

Meilleurs ennemis

Et c’est bien connu : ceux qui nous sont les plus proches sont souvent les plus critiques. Ainsi, ledit « regard associatif » s’est vite révélé peu convaincu. Taxant le Scot de « lieux communs » concernant le diagnostic ; d’« habile » quant à son calendrier, qui lui éviterait d’intégrer d’autres documents, tels que le schéma régional d’aménagemen­t, de développem­ent durable et d’égalité des territoire­s (Sraddet) ; d’« incomplet » s’agissant des points de vigilance repérés ; d’« indigent » pour ce qui est de la cartograph­ie. En somme : pas assez ambitieux en termes d’objectifs, parfois régressifs, ni assez précis. Anne-Marie Reboul reproche même au document d’enterrer, l’air de rien, le projet de

transport en commun en site propre. Pour preuve selon elle : le tracé qui apparaissa­it sur la version 2009 du Scot n’existe plus dans la version 2018.

Pas la même langue

« Comment pouvez-vous traduire ça !, s’exclame Gilles Vincent, vice-président du Scot, de la Métropole Toulon - Provence - Méditerran­ée et maire de Saint-Mandrier. Le TCSP verra le jour quand on pourra le mettre en place ! » Plus généraleme­nt, l’élu considère que « le Scot n’est pas tout à fait ce qu’ [il vient] d’entendre ». Et, répondant à la question de Florence Cyrulnik, conseillèr­e

municipale à La Seyne – « Qu’est-ce qu’on peut faire ? » –, de préconiser la lecture « des 900 pages pour se faire sa propre idée » et ensuite s’exprimer lors de l’enquête publique en connaissan­ce de cause. Les remarques pas tendres, le volet maritime du Scot, dont l’intégratio­n était l’objet principal de la révision, n’y a pas échappé non plus. Cette nouvelle partie est perçue comme « très centrée sur les vocations économique­s au détriment de piliers sociaux ou environnem­entaux ». « Certains éléments – la loi Littoral ou la loi Élan – sont insuffisam­ment pris en compte, détaille Annelise Muller, et des données manquent. » À l’instar de la capacité d’accueil du territoire en termes de tourisme ou de l’impact des ferries et bateaux de croisière.

Pollution toujours

Sur ce sujet, récurrent pour le Mouvement d’action pour la rade de Toulon, Jean Écochard, son président, insiste et s’inquiète des mouillages, prévus dans le Scot, à SaintCyr, Bandol, Sanary, Bormes

ou encore en rade d’Hyères : « Ça n’apporte rien : ni en frais portuaire, ni en taxe de séjour. » Il assène : « On ne voulait plus faire d’immeuble de quinze étages en bord de mer. Maintenant, on les fait en mer ! » « Peut-être n’avons-nous pas été assez loin, assume Gilles Vincent. Peut-être n’avonsnous pas mis tout ce qu’il fallait dans ce volet mer. Mais il existe alors que nous n’y étions pas obligés ! » Revenant sur le principal point d’achoppemen­t – la pollution liée au trafic maritime, qui fait de nouveau l’objet d’une pétition –, le

(1) vice-président de TPM rappelle qu’une station de mesure de la qualité de l’air doit être installée par AtmoSud ce printemps et que le quai des ferries sera électrifié d’ici à la fin de l’année. Ainsi, en matière de pollution, il en est persuadé : « Ça va prendre du temps, mais on va y arriver. » 1. « Pour des bateaux propres dans les ports et en mer », mise en ligne le 26 janvier sur le site change.org, elle est adressée au Premiermin­istreÉdoua­rdPhilippe­etaatteint déjà les 1 500 signatures.

 ?? (Photo Patrick Blanchard) ?? Une trentaine de membres ont assisté à la partie statutaire de l’assemblée générale de Mart, avant d’être rejoints par presque autant de monde, venu assister à la première du film La Métropole de la rade.
(Photo Patrick Blanchard) Une trentaine de membres ont assisté à la partie statutaire de l’assemblée générale de Mart, avant d’être rejoints par presque autant de monde, venu assister à la première du film La Métropole de la rade.

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