Ils veulent un port à eux
Les professionnels de la grande plaisance réclament des places à flot aux pouvoirs publics. Ils identifient deux sites dans la rade capables d’accueillir ces aménagements... dont le Mourillon
Je peux vous assurer qu’il n’y aura pas de marina ». Cette petite phrase, Hubert Falco l’a prononcée des dizaines de fois quand il s’est agi d’évoquer le devenir de l’ex-arsenal du Mourillon et de répondre à une inquiétude réelle des riverains depuis plusieurs années. Ce fut encore le cas lundi, quand le maire de Toulon et président de TPM a présenté les contours du projet urbanistique entre Mayol et Pipady. Mais cette petite phrase a aussi ses détracteurs. Nombreux sont ainsi les professionnels de la grande plaisance à penser aujourd’hui qu’il serait dommageable de se priver d’un site dédié au yachting dans cette zone. A commencer par les trois grands chantiers navals de la rade, IMS, Foselev et Monaco Marine, qui estiment que leur développement économique se heurte à cette problématique.
« Le yachting, c’est emplois directs dans la rade »
« Sur le secteur de la maintenance et du refit des yachts de 25 à 65 mètres, nos concurrents italiens prennent de l’avance, déplore Denis Pellegrino, le directeur d’IMS. Car malgré nos atouts indéniables – rade militaire sécurisée, équipements, savoirfaire – les zones d’accueil à flots font cruellement défaut. De l’autre côté des Alpes, ils ne se gênent pas pour construire des marinas et proposer une offre complète. » D’après lui, des places dédiées aux navires de luxe dans un port offriraient plusieurs avantages. A commencer par le côté pratique pour le client qui consiste à coupler le lieu où sont basés ces bijoux à plusieurs dizaines de millions d’euros et celui de leur entretien. « Aujourd’hui, chantiers et ports vont souvent de pair. C’est le cas à Antibes, à Barcelone... Si on n’est pas capables de les imiter, les bateaux vont partir. » L’un des arguments avancés par ces acteurs de la grande plaisance est qu’ils ne prêchent pas « que » pour leur paroisse mais pour le développement économique de toute la Métropole. « Demain, avec une cinquantaine de places à flot dans un lieu accueillant et sécurisé, on augmenterait de 50 % les escales techniques dans la rade et nos sous-traitants pourraient doubler leur chiffre d’affaires », assure Julien Talagrand, directeur d’exploitation du site seynois de Monaco Marine. Reste la problématique du lieu idoine sur un plan d’eau qui doit déjà conjuguer avec l’activité des ferries, bateaux de croisières et navires de la Marine nationale. S’il se murmure que TPM envisagerait, à terme, l’accueil de grandes unités en hivernage sur le quai d’armement, en face l’Atelier mécanique à La Seyne, les regards se tournent davantage encore vers Toulon. « Aujourd’hui, le type qui arrive avec son yacht de 50 m, il va où ?, s’énerve Denis Pellegrino, qui imagine « un lieu attractif pour les équipages, avec de la vie autour, que nos clients seraient prêts à financer ». Et de conclure par une autre petite phrase qu’on n’a sans doute pas fini d’entendre : « Le Mourillon est l’endroit idéal pour l’accueil des yachts. »