Macron à Marseille pour redonner un élan à la Méditerranée
Emmanuel Macron était hier dans la cité phocéenne pour conclure le Sommet des deux rives .Une initiative qu’il avait lancée début 2018 afin de donner une nouvelle ambition en Méditerranée
Les pays des deux rives de la Méditerranée ont plus qu’une mer en commun. Ils ont souvent aussi une culture, une histoire en partage. Pourtant, depuis quelques années, les crises économiques aidant, les vagues migratoires, ou encore la montée de l’islam radical ont poussé les uns et les autres à se recroqueviller, à se refermer sur eux-mêmes. Et aujourd’hui, ces voisins ont plutôt tendance à se regarder en chiens de faïence.
Dix Etats du dialogue
Si ce constat est inquiétant, ce n’est pas pour autant une fatalité. Pas encore. Les dirigeants des dix États du dialogue 5+5 sont en
(1) tout cas bien décidés à ne pas baisser les bras, mais à insuffler une nouvelle dynamique à une politique euroméditerranéenne en panne. Khemaies Jhinaoui, ministre des Affaires étrangères de la Tunisie, illustre parfaitement cette volonté. Réaliste, ce dernier reconnaît que « le bilan du processus de Barcelone et de l’Union pour la Méditerranée, qui devaient faire de la Méditerranée un espace de paix, de sécurité et de prospérité partagée, est en deçà de nos ambitions ». Mais, comme l’ensemble de ses homologues, Khemaies Jhinaoui a accueilli avec enthousiasme la proposition d’Emmanuel Macron, en janvier 2018 à Tunis, d’organiser un « Sommet des deux rives ». Une nouvelle chance, une dernière chance peut-être de se construire un avenir commun et dont « la force, dixit Jean-Yves Le Drian, réside dans la participation de la société civile ». Dix-huit mois et cinq forums thématiques préparatoires plus tard, les dix ministres des Affaires étrangères, mais aussi les cent personnalités qualifiées (dix par pays) étaient hier réunis à Marseille, dans la prestigieuse enceinte du palais du Pharo. Emmanuel Macron, l’instigateur de ce Sommet, décidément bien présent dans la deuxième ville de France ces temps-ci, les y a rejoints, après une rapide visite dans les quartiers nord en compagnie de la sénatrice Samia Ghali. Quatorze premiers projets ont
(2) été retenus. Parmi lesquels la création d’un réseau d’écoles des métiers de la mer sur les deux rives de la Méditerranée ; la création d’une plateforme numérique d’échange de bonnes pratiques et de formation pour développer les énergies vertes ; la création d’une maison méditerranéenne de la traduction et de mutualisation des éditions dans les langues méditerranéennes ; la création d’un concours annuel d’initiatives innovantes pour les jeunes étudiants ; ou encore la revalorisation économique et culturelle de nos patrimoines, notamment des centres anciens. La concrétisation de ces projets dépendra de leurs financements. Également présents hier, les représentants de la Banque européenne d’investissement et de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement ont assuré qu’ils soutiendraient financièrement ces projets. Pour conclure, le président Macron a invité les chefs d’État et de gouvernement du dialogue 5 + 5 à se réunir dans six mois pour mesurer l’avancée de ces projets. Mais il a surtout exhorté tous les acteurs de ce Sommet des deux rives « à retravailler notre histoire commune, à retrouver les grands mythes qui ont fait la Méditerranée ».
1. Algérie, Espagne, France, Italie, Libye, Mal te, Maroc, Mauritanie, Portugal et Tunisie. 2. La liste complète est consultable sur le site du ministère des Affaires étrangères www.diplomatie.gouv.fr