Var-Matin (Grand Toulon)

« L’hôpital craque ! » : grève illimitée aux urgences

Face aux fermetures de lits, au manque de médecins et aux conditions de travail dégradées, l’intersyndi­cale FO/CGT a organisé hier un débrayage. « Il en va de la sécurité des patients »

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Stop, ça suffit. On n’en peut plus… ». Près d’une cinquantai­ne de personnels hospitalie­rs (médecins, infirmiers, administra­tifs, logistique­s et techniques) a manifesté hier matin leur colère dans le hall de l’hôpital d’Hyères. À l’initiative de l’intersyndi­cale FO/CGT, un débrayage d’une demi-heure a été organisé et un préavis de grève illimitée votée. « Notre hôpital craque ! », ont-ils dénoncé. Comme l’indique Lylia Guemguem, représenta­nte CGT, ainsi que son homologue Christophe Fretard de FO, « la dégradatio­n des conditions de travail et d’accueil des usagers ne cessent de s’accroître et les personnels sont épuisés de subir des restructur­ations de service, des fermetures de lits pendant la période estivale faute de médecin et un absentéism­e croissant qui traduit aussi un mal-être ». Ce mouvement de protestati­on a été l’occasion pour certains de lâcher quelques coups de gueule…

« Les urgences vont mal »

Aide-soignant de nuit depuis 30 ans, il est venu dénoncer : « Les urgences de l’hôpital de Hyères vont mal. Ce service est mis à mal par une politique de santé qui va à l’encontre de nos valeurs de soignants ». Parmi ses requêtes figurent l’arrêt des fermetures de lits, l’embauche de médecins pour la consultati­on délocalisé­e, l’augmentati­on des effectifs paramédica­ux, la reconnaiss­ance de la pénibilité du travail et un vigile de jour comme de nuit pour assurer la sécurité.

« On se sent en danger ! »

Dans l’assistance, une infirmière intervient aussi. « On se sent en danger profession­nellement parlant. Quand on prend un patient dans un box, on peut le revoir que quatre heures après. On court jour et nuit. Toutes les semaines l’organisati­on change ! ». Le directeur répond : « On est conscient des difficulté­s que vous avez et on va essayer de trouver des solutions ».

« Je travaille dans un dispensair­e, pas aux urgences ! »

Quand elle entend parler de manque de médecins urgentiste­s et de difficulté­s à les recruter, le Dr Rachel Ntsai qui exerce dans ce service parle sans langue de bois. « Mais on fonctionne en mode dispensair­e ! Tant que les conditions de travail ne s’améliorero­nt pas, qui voudra venir ? On oriente aux urgences des patients qui relèvent de la neuro-chirurgie, par exemple, alors que nous n’avons pas le plateau technique ! Ces patients ne devraient pas être orientés ici. On perd du temps et on met ces personnes en danger ». Et Michel Perrot de préciser qu’à Toulon, « huit postes de médecins sont vacants. La pénurie est la même pour tous ». Le Dr Ntsai poursuit sur le fonctionne­ment du logiciel informatiq­ue. « On passe plus de temps derrière un ordinateur qu’avec les patients. Cette organisati­on ne nous permet pas de travailler de manière correcte. On est submergé ! ». Et tous de résumer : « Nous souhaitons travailler dans de bonnes conditions pour offrir le meilleur service aux patients ».

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Hier matin, des personnels de l’hôpital ont participé à un débrayage d’une demi heure et un mouvement de grève illimitée était lancée à l’initiative de l’intersyndi­cale FO/CGT. Michel Perrot (à droite), le directeur de l’établissem­ent est allé à leur rencontre.

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