Var-Matin (Grand Toulon)

Jean-Frédéric Poisson : « Instaurer une logique de codévelopp­ement plutôt que de quotas »

- PROPOS RECUEILLIS PAR THIERRY PRUDHON

Le président du Parti chrétien-démocrate, Jean-Frédéric Poisson, sera à Nice demain pour évoquer, à 18 h 30 au forum Jorge-François, 9, rue Cronstadt (entrée libre et gratuite), l’ouvrage qu’il a publié fin 2018, L'Islam à la conquête de l'Occident. Il a évoqué avec nous la question migratoire, le respect de la laïcité et l’extension à venir de la PMA, qu’il juge indigne. Six mois après, votre diagnostic sur un islam de conquête, réfractair­e à toute autorité laïque, reste-t-il le même ? Il est même renforcé par la parution d’autres ouvrages, Inch’Allah de Davet et Lhomme, ou Qatar papers de Chesnot et Malbrunot sur la stratégie d’influence du Qatar qui finance des projets salafistes en Europe. Chaque jour confirme que les Etats musulmans, devant la faible capacité de résistance des sociétés occidental­es, continuent de déployer leur plan.

Vos remèdes restent-ils également les mêmes ? Oui. La manière dont la France conçoit le rapport entre les religions et l’Etat est la bonne façon de traiter l’islam. La séparation des Eglises et de l’Etat doit être la règle absolue d’organisati­on de la société. Et quand l’islam ne la reconnaît pas, cette règle doit lui être rappelée. Les maillots dits couvrants que certains veulent imposer, au mépris des règlements des piscines municipale­s, nécessiten­t ainsi un acte d’autorité. Non pas pour ennuyer les gens, mais pour signifier que notre République est régie par des règles.

L’idée de quotas migratoire­s ? Je suis assez réfractair­e aux quotas en général. Je crois, en revanche, à la réponse aux besoins. Il faut donc d’abord regarder les besoins. Mais je suis favorable à ce que le Parlement débatte une fois par an de ce sujet. Enfin, il sera dit que l’immigratio­n est un vrai sujet politique, que le peuple, à travers le Parlement, est fondé à s’en saisir, et que c’est un sujet qui mérite une actualisat­ion régulière. Plutôt qu’une logique de quotas, j’aimerais qu’on instaure une logique de codévelopp­ement, car on n’empêchera jamais des personnes qui vivent mal dans leur pays d’essayer d’aller voir ailleurs. Il faut donc travailler avec ces pays, avant d’organiser une immigratio­n économique. La société française ne me paraît pas en état d’accueillir correcteme­nt, en gardant sa stabilité, quelque   migrants légaux, plus   régularisa­tions, plus   naturalisa­tions chaque année. Nous devons contenir ce flux migratoire qui produit dans notre société des déséquilib­res dont on ne saura pas sortir.

L’extension de la PMA dans la prochaine loi bioéthique… Cette pseudo-avancée est la dernière porte ouverte avant la légalisati­on des mères porteuses, puisque ce qui sera autorisé à des couples de femmes ne pourra être interdit à des couples d’hommes. Tout se met en place comme nous le redoutions, au détriment du droit des enfants à connaître leurs origines. Nous allons tout droit vers une forme moderne de réactivati­on de l’esclavage, ce qui pour moi est indigne d’un pays tel que le nôtre.

Votre sentiment sur l’état actuel des Républicai­ns ? On s’approche doucement de la fin. A force d’avoir voulu mettre dehors tout ce qui tenait au respect de nos traditions et à un message « conservate­ur », en ayant ignoré que ces sujets-là faisaient partie des préoccupat­ions de son électorat, le parti LR s’achemine vers sa propre sortie. Il avait fait la même erreur après la défaite de Sarkozy. Dans le préambule des Ateliers de la refondatio­n, il avait été rappelé que Les Républicai­ns n’étaient pas conservate­urs. On fait porter à François-Xavier Bellamy le poids d’une défaite due à l’ambiguïté du parti, qui défend grosso modo le projet de Macron. Ça nous invite à constituer le pôle politique dont notre pays a besoin, qui reposera sur une conception traditionn­elle de l’histoire de la droite.

Mais Les Amoureux de la France, que vous aviez lancés avec Nicolas Dupont-Aignan, ont fait pschitt eux aussi… Les Amoureux de la France sont morts. M. Dupont-Aignan a décidé d’en prononcer l’acte de décès, en mettant dehors ceux qui avaient participé à sa fondation. Vive la nouvelle réunion, ailleurs et sous une autre forme, de tous ceux qui sont attachés à ce qu’il y a, dans notre société, de traditionn­el et d’enraciné.

Comment cet engagement va-t-il se traduire par rapport au RN ? Vous raisonnez encore à partir d’étiquettes. Moi, je vous parle d’un projet politique. La question n’est pas de savoir avec qui il se fera, mais sur quelles bases. Nous devons d’abord établir ce que nous allons proposer aux Français pour emporter leur conviction. Nous allons affiner ce projet durant l’été et je pourrai vous en dire plus en septembre.

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