Var-Matin (Grand Toulon)

Assises : témoins sous X aux abonnés absents

- G. D.

La cour d’assises du Var, qui juge en appel Jean-Claude et son fils Thierry (16 ans au moment des faits), pour un double assassinat à Marseille le 24 août 2010 (lire nos précédente­s éditions) ,a entendu hier des experts.

Deux armes

Ceux-ci ont précisé les conditions de décès des deux victimes. Mezut Erkol avait succombé en quelques secondes à une hémorragie massive, après avoir eu le coeur et les poumons transpercé­s par une balle de 9 mm Parabellum, reçue sous le sein droit. Mohamed Karabernou avait lui aussi été visé par la même arme, un pistolet Glock. Mais c’est la blessure qu’il avait reçue à la tête qui l’avait tué. Il avait eu la boîte crânienne pulvérisée par un tir à courte distance, avec un fusil de chasse, d’une cartouche de chevrotine­s, dont on a retrouvé la bourre dans son cerveau.

La cour renonce aux témoins sous X

Ceux qu’on n’a pas retrouvés, ce sont les trois témoins sous X. Il a donc été renoncé à leurs auditions. Me Éric Dupond-Moretti les a qualifiés de « délateurs d’eau trouble ». Il en a profité pour indiquer que « la Cour européenne des droits de l’homme dit qu’on ne peut pas condamner quelqu’un sur la seule déposition d’un témoin sous X, s’il n’a pas été confronté avec ceux qu’il accuse ». Sur le même thème, Me Luc Febbraro a expliqué que la défense s’était battue depuis l’instructio­n pour obtenir ces confrontat­ions. « Surtout avec l’X que la police qualifie de “témoin oculaire indirect”. Ce témoin, sa seule crainte, c’est de subir le feu des questions de la défense, qui peut-être pourrait le prendre en flagrant délit de mensonge. »

Les accusés pas reconnus

Le seul témoin visuel que la cour a pu entendre était la jeune femme qui avait assisté, depuis sa terrasse, à la fuite d’un des tireurs. Elle a confirmé qu’elle avait vu un homme métis, la trentaine, brun, athlétique, enlever une perruque tout en courant vers la cité. « Mais je n’ai pas vu d’arme », a-t-elle précisé. Elle a également précisé, à la demande de Mes Dupond-Moretti, Febbraro et Julie Guichard, que cette personne n’était ni JeanClaude, ni Thierry. Elle les connaissai­t comme habitants du quartier, et les aurait forcément reconnus. D’autres témoins seront entendus aujourd’hui, avant que ne commence l’ultime phase des débats, avec le réquisitoi­re de l’avocat général et les plaidoirie­s.

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