« Un référent dans toutes les universités comme à Toulon »
À l’université de Toulon, un référent a été nommé en 2016 pour faire remonter les signes de radicalisation. Selon Éric Diard, joint par téléphone, ce modèle doit devenir la norme. Qu’avez-vous observé dans les universités ?
Les universités sont autonomes, elles fonctionnent en vase clos. C’est un problème, car tout ou presque est réglé en interne... y compris les signes de radicalisation. De plus, on observe une certaine frilosité à l’égard des forces de police, qui freine les échanges. Le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, nous a, par exemple, expliqué qu’aucun signalement ne remontait à ses services, alors que l’on savait pertinemment qu’il y avait des cas de radicalisation dans les facs parisiennes.
Que faut-il faire alors ?
Élargir ce qui a été mis en place à Toulon. Dans cette université, un référent antiradicalisation a été nommé [Franck Bulinge, à la rentrée , ndlr]. C’est un ancien de la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure), qui connaît très bien le sujet. L’expérience a porté ses fruits : la fac de Toulon est l’une des seules en France où les informations remontent aux autorités.
Vous l’avez rencontré. Que vous a-t-il dit ?
Le phénomène de radicalisation en université est peu visible, très mal cerné. Nous avons affaire à des espaces grands comme des villes, parfois très peuplés. Un exemple : la fac d’Aix-Marseille, c’est personnes. Déceler la radicalisation sur un élève est délicat.
Comment travaille-t-il ?
Il échange avec tous les acteurs d’une université : professeurs, associations étudiantes, direction... Son rôle est de détecter les signaux chez un ou plusieurs élèves, et de faire remonter l’information. Il faut impérativement améliorer la communication entre les facultés et les autorités compétentes.
Un système à étendre ?
Cela fait partie de nos propositions qui figurent dans le rapport. Je crois qu’il faut installer un référent de ce type dans toutes les universités. Il ne sera pas seul : comme à Toulon, on préconise la création d’une commission de radicalisation pour l’aider dans sa démarche. Cela existe dans les académies, pour les collèges et lycées, il faut l’étendre aux universités. On ne peut plus continuer sur ce modèle de vase clos, surtout après les événements de ces dernières années.