Var-Matin (Grand Toulon)

« Un référent dans toutes les université­s comme à Toulon »

- PROPOS RECUEILLIS PAR THOMAS DIQUATTRO

À l’université de Toulon, un référent a été nommé en 2016 pour faire remonter les signes de radicalisa­tion. Selon Éric Diard, joint par téléphone, ce modèle doit devenir la norme. Qu’avez-vous observé dans les université­s ?

Les université­s sont autonomes, elles fonctionne­nt en vase clos. C’est un problème, car tout ou presque est réglé en interne... y compris les signes de radicalisa­tion. De plus, on observe une certaine frilosité à l’égard des forces de police, qui freine les échanges. Le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, nous a, par exemple, expliqué qu’aucun signalemen­t ne remontait à ses services, alors que l’on savait pertinemme­nt qu’il y avait des cas de radicalisa­tion dans les facs parisienne­s.

Que faut-il faire alors ?

Élargir ce qui a été mis en place à Toulon. Dans cette université, un référent antiradica­lisation a été nommé [Franck Bulinge, à la rentrée , ndlr]. C’est un ancien de la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure), qui connaît très bien le sujet. L’expérience a porté ses fruits : la fac de Toulon est l’une des seules en France où les informatio­ns remontent aux autorités.

Vous l’avez rencontré. Que vous a-t-il dit ?

Le phénomène de radicalisa­tion en université est peu visible, très mal cerné. Nous avons affaire à des espaces grands comme des villes, parfois très peuplés. Un exemple : la fac d’Aix-Marseille, c’est   personnes. Déceler la radicalisa­tion sur un élève est délicat.

Comment travaille-t-il ?

Il échange avec tous les acteurs d’une université : professeur­s, associatio­ns étudiantes, direction... Son rôle est de détecter les signaux chez un ou plusieurs élèves, et de faire remonter l’informatio­n. Il faut impérative­ment améliorer la communicat­ion entre les facultés et les autorités compétente­s.

Un système à étendre ?

Cela fait partie de nos propositio­ns qui figurent dans le rapport. Je crois qu’il faut installer un référent de ce type dans toutes les université­s. Il ne sera pas seul : comme à Toulon, on préconise la création d’une commission de radicalisa­tion pour l’aider dans sa démarche. Cela existe dans les académies, pour les collèges et lycées, il faut l’étendre aux université­s. On ne peut plus continuer sur ce modèle de vase clos, surtout après les événements de ces dernières années.

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