Var-Matin (Grand Toulon)

L’appel au secours des services d’urgence

- de PATRICE MAGGIO Directeur adjoint des rédactions du groupe Nice-Matin edito@nicematin.fr

La fatigue, l’épuisement, les répercussi­ons du manque d’effectifs et des journées à rallonge sur la santé : ils connaissen­t de près. Les services d’urgence les voient défiler, les cabossés de la vie profession­nelle, dans le flot des patients qui passent leurs portes, victimes de malaise ou de craquage généralisé. Alors quand ils préviennen­t à leur tour l’opinion et les pouvoirs publics que non, décidément «ça suffit, on n’en peut plus », (paroles entendues mardi à Hyères) on peut leur faire confiance : ils sont bien au bout du rouleau. On leur répond pognon et solutions en cours d’élaboratio­n, patience en intraveine­use et deux comprimés d’économie budgétaire (en médicament générique). En… urgence, l’État débloquera  millions, cet été, de quoi financer un poste de blouse blanche dans chaque hôpital. Pis aller. Comment doiventils se faire entendre ? Par la grève ? Pas populaire. En basculant en choeur en arrêt de travail, comme les infirmière­s de Besançon ou de l’hôpital Lariboisiè­re à Paris ? Original mais très limite sur le plan déontologi­que. Du pain béni pour la ministre de la Santé Agnès Buzyn, compatissa­nte, hier, sur Europe  envers… « leurs collègues de jour qui ont dû continuer dans la nuit parce qu’on ne peut pas laisser un service d’urgence vide ». Les soldats du feu sont, eux aussi, les chouchous du grand public, l’autre métier dont rêvent les tout-petits. À eux deux, ils forment les maillons d’une chaîne sacrée qui nous maintient en vie. Même casse-tête quand il s’agit de crier leur colère. Dans les casernes, ils font grève en travaillan­t. À moins qu’ils ne travaillen­t en faisant grève ? En fait, ils lèvent le pied sur les missions secondaire­s. Pour plus de moyens, plus d’argent. Mais aussi pour demander à leurs compatriot­es d’exiger moins d’eux, d’arrêter, une bonne fois pour toutes, de les confondre avec les saint-bernards du genre humain. Le même lamento qu’aux urgences. Les mêmes galères, les mêmes combats, la même difficulté à transforme­r l’empathie des Français en véritable solidarité. Alors, que faire ? Laisser les sirènes tourner en boucle ? Aïe les oreilles. Défoncer la porte du voisin en cas d’incendie ? Déjà fait. En attendant de trouver le mode d’action idéal, le Graal de la contestati­on, passez tout de même un bon été. Pour vous aussi, il sera chaud ....

« L’État débloquera 15 millions, cet été, de quoi financer un poste de blouse blanche dans chaque hôpital. »

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