Top 14 : le RCT au pied du mur rochelais
Après le sabordage de Brive, le RCT, bien que diminué, doit impérativement repartir de l’avant face à La Rochelle. Et il n’est plus question de tergiverser
N’en déplaisent à ceux qui croient encore que le stade Mayol est un village gaulois effervescent et imprenable, la forteresse toulonnaise n’impressionne plus beaucoup de monde. Et il n’y a qu’à se déplacer dans les autres enceintes du Top 14 pour constater avec amertume qu’elle rassemble désormais un public plus proche des bourgeois de Calais que de pirates et autres insurgés sortis tout droit de la Méditerranée. L’exemple doit venir du terrain, concède régulièrement Patrice Collazo pour expliquer cette baisse évidente de libido pour le RC Toulon. Et il a sans doute raison. Trop d’atermoiements, de rendez-vous manqués et même d’échecs ces dernières saisons ont plombé le moral des supporters et finalement détourné de Mayol les plus chauds et féroces d’entre eux...
Un moment en enfer
Plus grave encore : outre que ce contexte ronronnant n’invite plus forcément les joueurs à donner le meilleur d’eux-mêmes et à se transcender, il nourrit aussi clairement les ambitions de leurs adversaires... Alors que dans un passé encore récent elles venaient juste pour vivre un moment en enfer à Toulon, toutes les formations se croient maintenant capables de réussir un coup à Mayol. Et La Rochelle, qui a déjà touché au but l’an dernier (13-9), dans un contexte un peu plus sulfureux encore, ne va pas y déroger... Vexée par son échec patent en supériorité numérique, la semaine dernière à Bayonne (23-22) et toujours en équilibre instable au classement où elle flirte avec le RCT, Castres et Toulouse avec deux victoires, trois défaites et un bonus, l’ASR de Jono Gibbes a vraiment besoin d’une victoire à l’extérieur pour basculer vers le haut du classement. Et elle aura de très sérieux arguments à avancer autour de son troisième ligne All Black, Victor Vito pour parvenir à ses fins. Car malgré quelques absences de marque (Rattez, Atonio, Doumeyrou, Qovu, Gourdon), la caravelle jaune sera bien armée, avec à son bord un équipage habitué à naviguer ensemble, contrairement à celui des Toulonnais, qui a encore été chamboulé cet été, ce qui obligera aujourd’hui Patrice Collazo à aligner un cinq de devant encore inédit... Mais au point où ils en sont, et quelles que soient leurs contraintes du moment, après avoir encore bu une tasse très indigeste à Brive 39-17, les Toulonnais ne doivent plus tergiverser. C’est ce que leur a répété, cette semaine, à l’envi, leur manager général qui veut les voir cet après-midi laisser leurs éventuels complexes au vestiaire, prendre l’initiative du jeu et avancer comme un seul homme pour prendre vraiment leur saison en main.
Buste haut et sabre au clair
L’heure n’est en effet plus aux doutes ni aux questions, qui semblent avoir déjà miné la confiance de quelques-uns : il faut maintenant partir à l’abordage, et se rappeler aux bons souvenirs du public toulonnais en avançant buste haut, et sabre au clair, tout en gardant la tête froide... Et surtout en conservant le ballon. Est-il vraiment utile de préciser que cette fois, il ne faudra pas rater l’entame ? Ni jeter les munitions par-dessus bord ? Ni donner le bâton au buteur adverse ? De retour parmi ses hommes, le capitaine Raphaël Lakafia va sans doute montrer le cap à suivre. Et donner de la voix pour exhorter ses hommes à se faire respecter et même se révolter. Mais rien ne vous empêche, si vous avez encore pris une place en tribunes, de hurler avant lui, et même contre la terre entière, pour jouer de nouveau l’union sacrée autour du RCT. Et rallumer le feu qui n’aurait jamais dû cesser de brûler dans le temple de Besagne. Pourquoi l’exemple ne viendraitil pas aussi des tribunes ?