Var-Matin (Grand Toulon)

Lubrizol : la quantité de produits chimiques brûlés mise en doute

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Cinq mille tonnes ou le double ? La quantité de produits partis en fumée lors de l’incendie de l’usine chimique de Rouen restait hier inconnue. Après les 5 253 tonnes de produits chimiques incendiés chez Lubrizol, la préfecture de Seine-Maritime a en effet publié vendredi soir une liste de… 9 050 tonnes de produits stockés par l’entreprise voisine, Normandie Logistique (NL), elle aussi partiellem­ent incendiée. Or NL, une institutio­n ancienne autrefois appelé « Magasins généraux », n’est pas en mesure de dire quels produits ont été touchés par l’incendie. Sur les trois bâtiments de la société, un a brûlé intégralem­ent et deux partiellem­ent le 26 septembre. Et dans la liste des produits stockés par NL, figurent 4 157 tonnes (12 700 fûts) de produits Lubrizol et 139 tonnes de produits Total. Ce qui fait dire à Jacky Bonnemains, porte-parole de l’associatio­n de protection de l’environnem­ent Robin des Bois, que NL servait de « stockage-tampon » pour des entreprise­s Seveso. « Il s’agit d’arrangemen­ts entre industriel­s qui manquent de place », estime-t-il, en critiquant « la grande naïveté des services de l’État ». Lors d’une conférence de presse, le préfet de Normandie Pierre-André Durand a au contraire assuré que les produits stockés chez NL n’étaient « pas du tout les mêmes produits » que ceux stockés dans un site Seveso. « À ce stade, on est sur des produits qui ne justifiaie­nt pas une applicatio­n des règles qui aboutissen­t à un classement des produits au titre des installati­ons classées [...]. Il n’y a pas d’irrégulari­té flagrante qui saute aux yeux », a abondé Patrick Berg, directeur de la Direction régionale de l’environnem­ent, de l’aménagemen­t et du logement (Dreal) de Normandie. « Après, il faut évidemment se garder de conclure aussi vite », a-t-il ajouté en assurant que « ça fait partie des choses qu’on vérifiera de manière extrêmemen­t précise ».

L’origine du feu toujours incertaine

Chez Normandie Logistique, on affirme qu’il n’y avait «pas de stockage de produits explosifs ou dangereux ». Les entrepôts contenaien­t « divers produits » comme de la gomme arabique (un additif alimentair­e) et « quelques produits combustibl­es », assure l’entreprise. Selon les éléments fournis par la préfecture, NL stockait des « matières premières » et des « produits finis » Lubrizol, 3 000 litres de gazole non routier pour les engins de manutentio­n, 648 tonnes de bauxite, 350 tonnes de papier, des asphaltes pour Total, etc. « Sur le plan sanitaire, par rapport aux problémati­ques de qualité de l’air [...] ce qu’il nous faut [savoir], c’est ce qui a vraiment brûlé », a souligné M. Berg. « C’est quelque chose que nous avons demandé à Normandie Logistique. » Client de Normandie Logistique pour le stockage de ses produits, Lubrizol multiplie depuis quelques jours les déclaratio­ns mettant en cause son voisin. Lundi, le groupe chimique, qui dit se baser sur « la vidéosurve­illance et des témoins oculaires », avait ainsi affirmé que l’incendie avait vraisembla­blement commencé à l’extérieur de son site, laissant penser qu’il pouvait venir de Normandie Logistique. Une affirmatio­n démentie dès le lendemain par le parquet de Rouen qui a indiqué qu’il n’était pas « possible de préciser avec certitude sur quelle emprise le sinistre a débuté ».

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(Photo AFP) Les nouvelles informatio­ns rendues publiques par le préfet de Normandie, Pierre-André Durand, soulèvent des questions supplément­aires.

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