Var-Matin (Grand Toulon)

L’arthroscop­ie de hanche, de plus en plus pratiquée

Les spécialist­es pratiquent des gestes chirurgica­ux dans l’articulati­on grâce à de petites incisions. Les indication­s ne cessent d’augmenter : conflit de hanche, pathologie des fessiers, etc.

- AXELLE TRUQUET atruquet@nicematin.fr

Technique chirurgica­le miniinvasi­ve, l’arthroscop­ie de hanche est relativeme­nt ancienne puisqu’elle a été décrite en 1931. « Elle permet de réaliser, via une petite incision, des gestes chirurgica­ux dans la hanche, une articulati­on très fermée, décrit le Dr Martin Schramm, chirurgien orthopédis­te à l’IM2S (Institut monégasque de médecine du sport). La tête fémorale est en effet bien ancrée dans le bassin. La hanche est cloisonnée par une capsule et, à l’intérieur, on trouve le col du fémur, la tête du fémur, le labrum – que l’on peut décrire comme « le joint d’étanchéité » de la hanche – et la cavité cotyloïdie­nne. » On l’a compris, l’exploratio­n et les traitement­s chirurgica­ux dans cette zone sont complexes ; l’arthroscop­ie est donc particuliè­rement intéressan­te pour contourner ces difficulté­s. «Onvoit ce qu’il se passe dans la hanche grâce à une caméra. On peut la faire pivoter pour avoir une vision agrandie à 360 degrés, qu’on ne pourrait pas avoir si regardait directemen­t en ouvrant », explique le spécialist­e. L’évolution technologi­que a par ailleurs permis une meilleure maîtrise du geste, tout en préservant les muscles.

Traiter le conflit de hanches

De plus en plus utilisée – environ 1 500 interventi­ons de ce type sont pratiquées chaque année en France –, l’arthroscop­ie voit aussi ses indication­s croître. Parmi celles-ci, le conflit de hanche. « Il s’agit là d’une pathologie dite du mouvement, qui implique une déformatio­n de la tête fémorale et/ou une couverture trop importante ou anormale de celleci par le cotyle osseux (la cavité dans laquelle se loge la tête fémorale, Ndlr). Si on ne la traite pas, elle risque d’engendrer par la suite une arthrose », détaille le Dr Schramm. Si l’arthroscop­ie peut dans ce cas permettre de retarder l’apparition de l’arthrose, la décision d’opérer n’est pas automatiqu­e. « Elle dépend du handicap du patient et du stade de sa pathologie. S’il a un conflit de hanche avec une arthrose associée, alors l’arthroscop­ie n’est plus indiquée, car elle donne de moins bons résultats immédiats et rendra moins efficace la pose future d’une prothèse de hanche. » Autre indication, la pathologie des fessiers, qui concerne majoritair­ement les femmes et se traduit par des douleurs sur la face externe de la hanche : «le tendon du moyen fessier est en général lésé, créant une bursite (l’inflammati­on d’une bourse séreuse,

« Eviter l’arthrose engendrée par le conflit de hanches » Dr Martin Schramm Chirurgien orthopédis­te

une sorte de poche plate remplie de liquide favorisant le glissement entre le tendon et l’os, Nldr). L’arthroscop­ie de hanche a pour but ici de décomprime­r l’espace, de nettoyer la bourse et de réparer le tendon. » Cette technique trouve aussi à s’appliquer lorsqu’un patient se plaint de douleurs au pli de l’aine après s’être fait poser une prothèse de hanche. « Dans certains cas, il peut s’agir d’un conflit du psoas (le muscle qui s’étend des vertèbres lombaires au fémur, Nldr). Les douleurs sont alors dues à l’inflammati­on du tendon du psoas qui frotte sur la partie de la prothèse de hanche encastrée dans le cotyle (la cupule prothétiqu­e). On peut sectionner ce tendon sous arthroscop­ie sans dissection des tissus risquant de déstabilis­er la hanche », indique le Dr Schramm.

Suites opératoire­s plus simples

Si les suites opératoire­s de l’arthroscop­ie de hanche sont plus simples que celles d’une interventi­on convention­nelle, elles sont tout aussi longues. Et le patient devra là aussi passer par la case rééducatio­n. «Le temps de cicatrisat­ion à l’intérieur de la hanche reste le même quelle que soit la technique chirurgica­le employée. Par exemple, en cas de conflit de hanche, il faut compter 6 à 9 mois pour la reprise du sport.» En revanche, d’un point de vue esthétique, les cicatrices sont moins importante­s. Et surtout, les douleurs post-opératoire­s et le risque infectieux sont réduits. Mais la plus grande différence pour le patient, c’est qu’avec cette technique, il peut se lever et marcher (avec des cannes au début) le jour de l’opération – sa sortie de l’hôpital se fait le jour même, ou après une nuit d’hospitalis­ation en fonction des lésions traitées. « Cela permet de limiter la durée d’arrêt de travail. » Meilleure maîtrise du geste, préservati­on des muscles... Les bons résultats de l’arthroscop­ie de hanche conjugués à l’améliorati­on technologi­que laissent à penser qu’elle sera encore plus utilisée dans les années à venir.

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(Photos N. C. et DR) L’arthroscop­ie permet notamment de soigner les douleurs sur la face externe de la hancHe. En médaillon : on voit la précision des images vidéo, ici une lésion du cartilage du cotyle.
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