Var-Matin (Grand Toulon)

Cancer : bientôt des « cellules médicament­s » à Nice ? Progrès

Les « CAR-T cells » représente­nt un espoir majeur dans le traitement de certains cancers du sang réfractair­es ou en rechute. Le CHU de Nice pourrait bientôt être autorisé à les proposer

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Des cellules immunitair­es « dressées » en laboratoir­e pour reconnaîtr­e les cellules cancéreuse­s, les attaquer et les détruire (lire encadré ci-contre). Ce n’est pas un scénario de science-fiction, mais déjà une réalité dans le traitement de deux types de maladies hématologi­ques : les leucémies aiguës lymphoblas­tiques (LAL) et les lymphomes diffus à grandes cellules B. Les premières concernent des patients souvent jeunes, voire très jeunes, les secondes une population plus âgée. Si d’importants progrès ont été réalisés dans la prise en charge de ces cancers très sévères, il reste malheureus­ement que des malades « ne répondent pas » ou « échappent » après plusieurs lignes de traitement­s (chimiothér­apie, greffe…), sans plus aucun recours possible. Des situations dramatique­s, dites d’impasse thérapeuti­que, qui pourraient, pour certaines du moins, trouver une issue grâce aux « CART cells ».

Des critères d’âge

Unanimemen­t considérée comme révolution­naire, cette approche thérapeuti­que à base de cellules « vivantes », très encadrée, n’est pratiquée que dans de rares établissem­ents en France. Le CHU de Nice, grâce à la mobilisati­on du Pr Thomas Cluzeau, chef du service d’hématologi­e clinique et thérapie cellulaire, pourrait bientôt décrocher le Graal : l’autorisati­on de proposer dès le début de l’année 2020 cette thérapie cellulaire aux malades réfractair­es ou en rechute. « Nous nous apprêtons à déposer le dossier d’autorisati­on. Le processus est extrêmemen­t compliqué, insiste le spécialist­e. Il faut des circuits dédiés pour ces “cellules médicament­s” génétiquem­ent modifiées. Par ailleurs, les patients traités par ces “CAR-T cells” doivent pouvoir bénéficier d’une surveillan­ce de chaque minute par plusieurs spécialist­es formés, hématologu­es bien sûr, mais aussi réanimateu­rs, neurologue­s et radiologue­s. Le risque d’effets secondaire­s graves, neurologiq­ues en particulie­r, est important. Ils doivent être très rapidement identifiés – il faut pour cela pouvoir recourir 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 à une IRM – et aussitôt pris en charge par des équipes compétente­s. » Des équipes hospitaliè­res niçoises déjà formées, puisque le CHU de Nice est le seul centre en Paca-Est habilité à réaliser des allogreffe­s de cellules-souches hématopoïé­tiques. À quels critères devront répondre les patients pour être éligibles à cette approche révolution­naire ? « Il est important qu’ils soient dans un bon état général, qu’ils aient en particulie­r une bonne fonction rénale, hépatique, cardiaque… Pour la LAL, une maladie qui touche surtout des enfants, des adolescent­s et de jeunes adultes, il existe aussi des critères d’âge : il a été fixé à 25 ans maximum. Concernant le lymphome, qui frappe plutôt une population adulte, il n’y a pas ce type de limite. » « Un espoir considérab­le »

Des guérisons même à un stade avancé

Si le CHU de Nice est autorisé à pratiquer cette thérapeuti­que innovante, les premières étapes – soit le prélèvemen­t et la préparatio­n des cellules antitumora­les (lire par ailleurs) – se feront à l’Institut Paoli-Calmette à Marseille. « Nous nous appuierons sur leur expertise pour ces étapes. Ces préparatio­ns cellulaire­s seront ensuite envoyées aux USA pour les modifier génétiquem­ent. » Retour ensuite à Nice où la dernière étape, l’administra­tion en une injection unique de ces cellules, pourra être réalisée. Selon le Pr Cluzeau, 15 à 20 patients varois, azuréens ou monégasque­s pourraient bénéficier de cette innovation dès sa mise en oeuvre. Des patients dont le pronostic vital est engagé à très court terme. Que pourront-ils attendre de cette thérapie ? « D’après les études cliniques, le taux de survie est considérab­lement augmenté et permet même d’envisager des guérisons à long terme », annonce le Pr Cluzeau. Des mots prudents, mais dont la portée est immense, sachant que « c’est à des patients à des stades très avancés de la maladie que ces traitement­s s’adressent pour l’instant. Les résultats des essais menés sur les Car-T cells sont un espoir considérab­le pour eux. »

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