« Tueuses »
La thérapie à base de « CAR-T cells » (pour « cellules T porteuses d’un récepteur chimérique ») comporte plusieurs étapes délicates. À partir d’une prise de sang chez le malade, il s’agit dans un premier temps de trier les cellules immunitaires pour ne récupérer que les lymphocytes T, une catégorie de cellules jouant un rôle central dans la réponse immunitaire. En utilisant des techniques de génie génétique, les scientifiques font ensuite acquérir à ces cellules l'arsenal biologique nécessaire au repérage puis
à l’élimination spécifique des cellules cancéreuses. « On en fait des cellules tueuses de la tumeur », résume le Pr Cluzeau. Ces lymphocytes, modifiés génétiquement, sont multipliés en laboratoire, puis congelés avant d’être envoyés au centre de traitement qui va les réinjecter dans l’organisme du malade. L’ensemble de cette chaîne très contrôlée dure de trois à cinq semaines. Deux immunothérapies « CAR-T cells » ont obtenu à l’été une Autorisation de mise sur le marché (AMM) en Europe dans le traitement de cancers rares du sang. Deux réserves toutefois à leur utilisation larga manu : leur toxicité n'est pas nulle, mais surtout, ils ont un coût exorbitant – euros, pris en charge par l’Assurance-maladie dans ces deux indications. Sachant qu’ils pourraient bénéficier dans un avenir proche à d'autres cancers du sang mais aussi à des tumeurs solides au pronostic encore sombre, une réflexion sur le mode de financement de ce type de thérapeutiques innovantes s’impose dans les plus brefs délais.