Pascal Jacob : « C’est humain de bien soigner »
Pascal Jacob est président de l’association « Handidactique ».
Comment interprétez-vous la situation dans la région Paca ? Elle est extrêmement ambiguë. Alors que la région est l’une des mieux dotées en professionnels de santé, elle se situe au fond du classement pour ce qui concerne le refus de soins, avec % de refus de soins (contre % en moyenne en France). On pensait que le refus de soins pour les personnes en situation de handicap était lié aux déserts médicaux. En fait, c’est quasi antinomique.
Dans ce cas, où se situe le frein ? Il est en grande partie lié à la formation des professionnels de santé. Certaines universités ont tout simplement exclu le handicap de cette formation. À titre d’exemple, un kinésithérapeute, à l’échelon national, a en moyenne heures de formation dans son cursus sur le handicap. Un kiné formé ici n’a quasiment aucune formation dans ce domaine ! Il y a un « oubli » qui a été cristallisé dans la région Paca. D’où la nécessité de sensibiliser et mobiliser tout le monde. Il n’y a pas de fatalité. C’est humain de bien soigner, quand on a choisi une profession de santé.
Combien pèsent les problèmes d’accessibilité sur l’accès aux soins ? Ils ne représentent plus que % des motifs de refus de soins. Par contre, le motif économique – « Je n’ai pas d’argent » – approche les % ; cela concerne aussi bien les soins dentaires que gynécologiques ou encore psychiatriques. C’est honteux !
Quid justement des malades psychiques ? La situation est particulièrement dramatique les concernant : % des malades psychiques ont fait l’objet de refus de soins ! Si vous êtes vieux et malade psychique, on ne peut plus rien pour vous.
Quels recours pour ces malades ? Ce sont les urgences hospitalières ; elles sont totalement embolisées par cette population : % des personnes, tout handicap confondu, qui vont aux urgences ont fait l’objet d’un refus de soins.
Peut-on déposer plainte à la suite d’un refus de soins ? La France est le seul pays d’Europe où n’y a aucun recours possible. Ailleurs, ces situations sont traitées par des non-médecins.
Vous ne pouvez nier les difficultés auxquelles peut être confronté un professionnel de santé dans sa prise en charge d’un malade porteur de handicap psychique. Je ne les nie pas. Aujourd’hui même, je recevais l’appel affolé d’une femme médecin dans le , me disant : « Je viens de refuser un patient, il a démoli ma salle d’attente ! » Il faut soigner les malades et… les médecins. En les formant.