Var-Matin (Grand Toulon)

FAUTE DE MOYENS, ILS RENONCENT À SE SOIGNER

En dix-huit mois, les conseiller­s de la caisse primaire d’assurance maladie ont accompagné plus de 1 600 Varois qui avaient différé des actes médicaux, principale­ment par manque de moyens

- VÉRONIQUE GEORGES vgeorges@nicematin.fr

Depuis le début de l’année , la Caisse primaire d’assurance maladie a accompagné plus de  Varois contraints de différer des actes médicaux indispensa­bles. Dans un cas sur deux, il s’agit de soins dentaires.

Reporter, souvent faute d’argent, l’achat d’une paire de lunettes, le remplaceme­nt d’une dent manquante, la consultati­on d’un spécialist­e, c’est, hélas, le lot d’un nombre croissant de personnes. Beaucoup abandonnen­t même. L’enquête menée par l’Assurance maladie a démontré que 25 % des Varois relevant du régime général, qu’elle a interrogés, ont déjà renoncé à des soins (25,6 % au niveau national). Comme cela se fait en France depuis 2014, une cellule dédiée, composée de quatre agents - bientôt six et d’une responsabl­e, a été créée en mai 2018 à Toulon par la caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) afin de lutter contre ce phénomène dans le départemen­t.

Une aide sur-mesure

Un an et demi plus tard, le bilan a été présenté par sa directrice, Marie-Cécile Saulais : « Depuis sa création, 1 612 assurés ont été accompagné­s. Nous sommes capables d’aller vers eux et de les épauler jusqu’à la réalisatio­n des soins. Devis dentaire, prise de rendez-vous, liberté de choix, c’est vraiment du sur-mesure et sur du temps long ». Son bras droit, Sophie Prouvenc a d’ailleurs donné un aperçu de la population concernée : des femmes à 64 % (66,9 % au niveau national) âgées de 40 à 59 ans. Les plus de 60 ans représente­nt 38 % de ceux qui renoncent aux soins (19 % au niveau national). 49 % de ces personnes vivent seules (38 % au niveau national), 47 % sont sans-emploi (38 % au niveau national), 27 % retraitées (13,8 % au niveau national). Souvent en désarroi devant la complexité du système de santé, « elles cumulent les difficulté­s » commente la directrice adjointe, relevant que cette réalité est également celle « de personnes bien insérées mais aux revenus modestes, pour qui toute dépense imprévue causée par des soins onéreux ou successifs, est difficile à financer» . Dans deux cas sur trois, les obstacles financiers, dont le reste à charge élevé, sont la cause principale de cette situation. Sans surprise, les soins dentaires sont les premiers auxquels renoncent les Varois, suivis par les actes de spécialist­es et l’optique.

L’aide d’un réseau de partenaire­s

Géographiq­uement, la problémati­que diverge d’un territoire à l’autre, comme le mentionne Karine Longhi, responsabl­e de la cellule dédiée : « On a de nombreux assurés dans le secteur brignolais pour des questions de délais, sur l’Est Var c’est plutôt dû au fait que les spécialist­es sont non convention­nés ». Autre constat, le renoncemen­t dure au moins deux ans. « Il y a une acceptatio­n dans le temps, or cela peut accentuer les fragilités, l’état de santé global, mais aussi social ». Ce défaut de soins peut aller jusqu’à la marginalis­ation, quelqu’un en mauvaise santé, édenté ou voyant mal, pouvant perdre son emploi ou ne pas en trouver. Détectées en interne ou par un réseau de partenaire­s (profession­nels de santé, assistants sociaux…), les personnes sont contactées directemen­t par des conseiller­s de la cellule. Si certaines refusent cette main tendue, d’autres sont heureuses de l’avoir saisie. Chacun fait des efforts, notamment les profession­nels de santé, pour trouver une solution et aboutir à la réalisatio­n des soins.

Faire connaître le dispositif

La durée moyenne d’accompagne­ment est de 68 jours. « On ne fait pas à la place. On aide, on met l’assuré sur le bon chemin » souligne la directrice « les bénéficiai­res reprennent en général confiance en eux, en nous et en nos partenaire­s ». Rares sont ceux qui solliciten­t à nouveau la cellule. L’enjeu actuel est de structurer les liens avec les partenaire­s et d’inviter les Varois en situation de renoncemen­t à se signaler pour une étude de leur dossier. Elles peuvent composer le 3646 ou aller sur ameli.fr.

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